« C’est qu’en réalité, si l’on accepte aisément l’idée du Rimbaud voyant, adolescent génial et quelque peu illuminé, aux sens déréglés, plus de cent ans de couvercle idéologique posé sur le chaudron parisien de 1871 ont tenté d’étouffer la force politique de l’un des plus grands poètes français et l’un des seuls écrivains de l’époque, avec Vallès bien sûr, mais aussi Verlaine, qui n’ait pas craché sur les communards, jusqu’à l’ignoble, mais qui fut avec eux. »
Signalons, à ce propos, que Berrichon en 1922 regroupait déjà une quinzaine de poèmes en vers de Rimbaud en précisant qu’ils étaient inspirés par la Commune. A cette date, Isabelle Rimbaud n’était plus, ce qui explique peut-être l’audace de Berrichon. Des critiques actuels, au premier rang desquels figure Steve Murphy, pensent que la Commune est une inspiration majeure de l’œuvre rimbaldienne et que son influence se poursuit pour Rimbaud au-delà de l’année 1871.Voir son livre récent Rimbaud et la Commune. Dans le même esprit, Yves Reboul résumait un article en 2006 ainsi :
« Née de la nécessité où se trouvait Verlaine de dissimuler autant que possible la dimension politique de l’œuvre rimbaldienne, l’idée prévaut encore que Rimbaud ne s’est vraiment passionné pour la Commune que durant quelques mois de l’année 1871 et que l’entreprise du Voyant et sans rapport avec la politique. […] Il faut en prendre son parti : la passion de Rimbaud pour le déluge révolutionnaire n’a pas été qu’un feu de paille et une grande partie de son œuvre en porte la marque. »
JB
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire