À l’époque de Rimbaud on peut dire que le chemin de fer modifie la notion de temps. Parcourir une longue distance rapidement fait gagner du temps. Les progrès scientifiques caractérisent la fin du 19e siècle. Ainsi, Rimbaud s’écrit dans Une saison en enfer : « Ah la science ne va pas assez vite » « et la science est trop lente ».
Quelle fut pour Rimbaud la notion de temps dans la période de sa création poétique ?
N’oublions pas que c’est un adolescent. Tout ce que nous connaissons du poète indique qu’il est impatient. Impatient de faire connaître ses vers, écrivant de nombreuses lettres à ceux qui pourraient l’aider, comme Banville ou Demeny. En examinant son œuvre on observe une évolution rapide. Il renie rapidement les vers de 1870 comme ceux de l’année 1871. Les alexandrins deviennent dépassés après avoir atteint leurs sommets dans Le Bateau ivre et Voyelles. C’est alors le temps des vers « mauvais » aux césures et aux rimes insaisissables. Puis la prose devint son aboutissement.
Son oeuvre témoigne donc de son désir de brûler les étapes. La notion de temps est particulièrement intéressante dans Une saison en enfer. Le titre même de cette œuvre indique que l’on se place dans le cadre d’une durée déterminée : une saison. Durée limitée qui s’inscrit dans l’éternité de l’enfer. La notion d’éternité fait d’ailleurs l’objet d’un poème d’Alchimie du verbe. Tout le prologue d’Une saison en enfer est construit sur l’opposition du passé et du présent comme : « jadis si je me souviens bien » puis « or tout dernièrement… »
Les Illuminations sont aussi à convoquer sur ce thème. Dans Vagabonds on voit Rimbaud « pressé de trouver le lieu et la formule ». Barbare se situe au delà du temps « Bien après les jours et les saisons ». Génie se définit comme « l’affection et le présent », mais aussi comme « l’affection et l’avenir »
Ce bref article gagnerait bien sûr à être complété par ceux qui ont des idées sur ce sujet.
L’apprenant Arthur Rimbaud fouaille la langue avec frénésie (et dans tous les sens) : ce commentaire est très pressé : j’appelle ça la célérité du commentaire, du post.
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