Alain Bardel vient de mettre en ligne sur son site, peu après le nôtre, un compte rendu de l’article de Gilles Lapointe sur « H » l’illumination de Rimbaud.
La trajectoire d’Alain Bardel est exemplaire. Professeur de français dans un lycée il a commencé par faire un site pour ses élèves. Peu à peu son site est devenu une sorte de référence pour les rimbaldiens. Il a fait de nombreuses publications dans diverses revues notamment dans un dictionnaire Rimbaud. Enhardie par cette notoriété il publie régulièrement des analyses de textes. Concernant le dernier en date, j’éprouve le besoin de faire quelques commentaires.
La critique de l’article de Gilles Lapointe est l’occasion pour lui de donner un historique des études sur « H ». L’érudition d’Alain Bardel est certaine. Néanmoins cette érudition a ses limites comme nous allons le voir. Son propos est de montrer qu’il n’y a plus d’énigme de « H » depuis longtemps et que la masturbation est la clé de l’énigme. Selon lui le premier à avoir donné une solution satisfaisante est Louis Aragon en 1921. Malheureusement Bardel ne donne pas le texte d’Aragon correspondant qui aurait été utile. Passons. Puis Bardel convoque le livre d’Etiemble écrit en 1936 dans lequel celui-ci affirme que le sujet de « H » est clair et qu’il s’agit de la masturbation. Observons que sauf erreur Etiemble n’a pas cru bon d’en reparler dans la réédition de 1950.
C’est alors que Bardel convoque Robert Faurisson dont il prétend qu’il a reformulé l’hypothèse d’Etiemble dans la revue Bizarre de 1961 dont il cite cet extrait :
« Rimbaud fait d'Hortense (au cours du poème) le symbole de l'Habitude [...] et finit donc par évoquer généralement la masturbation comme le dit R. Étiemble. »
Le problème est que cet extrait donne l’impression que Faurisson donne raison à Etiemble ce qui est totalement faux. En effet la phrase qui suit l’extrait de Faurisson le montre :
« Mais comme ne le dit pas R. Etiemble, les trois premières phrases(il n’explique pas la première et fait un contresens sur la troisième) et surtout la dernière ( si énigmatique et qu’il passe totalement sous silence, ainsi qu’Antoine Adam) concernent la personne même de Rimbaud. »
Pour justifier l’ « hydrogène clarteux » Bardel convoque le Littré qui dit-il explique qu’il s’agit du gaz d’éclairage. Bardel oublie la note plus pertinente d’Antoine Adam dans la Pléiade de 1983 :
« Le mot clarteux n’est pas une création de Rimbaud. Il est signalé par Z. Zeligson, Dictionnaire des patois romans de la Moselle,1922-1925.Il est synonyme de clair. L’hydrogène clarteux, c’est très simplement le gaz. »
Quand Bardel parle de consensus sur l’énigme « H » il se trompe. Dans son admirable livre publié par l’Imprimerie Nationale en 1986, Cecil Hackett écrit :
« Selon nous, c’est dans un contexte social qu’il faut interpréter H : Hortense est l’idole, la femme idéale de Soleil et chair, prostituée par les « monstruosités » de la vie bourgeoise, la Femme sur qui l’homme a « saigné noir ».
Sans oublier des critiques et non des moindres comme Yves Bonnefoy et Albert Py qui placent ce poème sous le signe du Haschich.
Rimbaud devait bien se douter que sa charade donnerait l’auto-érotisme comme solution évidente. C’est la raison pour laquelle je pense que l’hypothèse de Gilles Lapointe est plus subtile et me semble juste.
On se demande quel est le but de la glose de Bardel. Sans doute veut-il se donner le rôle d’arbitre et donner son avis personnel distribuant comme à son habitude les bons et les mauvais points. Bardel n’est pas un chercheur et il n’a jamais rien trouvé à ma connaissance. Ses commentaires transpirent l’ennui comme dans son dernier article de Parade sauvage où rester éveillé reste une performance.
Surtout M. Bienvenu, ne vous avisez pas d'intervenir directement sur le site de M. Bardel pour exposer un avis contraire au sein - pauvre. Car vous risquez, comme moi il y a plusieurs années, de vous prendre dans les gencives cette réponse lapidaire : si vous n'êtes pas d"accord avec moi, vous n'avez qu'à créer votre propre blog (sic). L'exégèse des textes de Rimbaud est aujourd'hui à réinventer en pensant par soi-même. D'ailleurs, Rimbaud ne nous a jamais dit autre chose. Franck Delaunoy
RépondreSupprimerPour information Alain Bardel vient de mettre sur son site un lien vers notre article. Il tient donc à montrer qu’il l’a lu. Excellente publicité pour l’article de Gilles Lapointe. À suivre...
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