Il semble que « la maîtresse du logis » pourrait bien être la gérante de l’hôtel dont M. Paul Gautier nous a révélé l’existence : Mme Porte : « Les parents d'Augustine Émilie sont, en effet, les gérants du "Grand hôtel de l'univers" fréquenté par tous les ressortissants français. Ils s'y installent après la guerre de 1870, venant de Metz… ».(Voir sur ce blog l'article du 2 juillet) Notons que Mme Porte vient de la ville de Metz qui n’est pas loin de la Champagne. Que Suel ait des gérants, c’est bien évident : un homme qui passe son temps assis sur un fauteuil, le cigare à la main, ne peut s’occuper tout seul de son hôtel. Dès lors, l’information donnée par M. Gautier, et bien négligée jusqu’à ce jour, semble capitale. Et je me demande si sur la photo ce ne serait pas plutôt la mère Porte que la fille. Cela semble d’abord plus crédible : vers les années 1879-1880 (rappelons que la vraie date de la photo est : octobre 1879 - août 1880) , la fille aurait 18 - 19 ans et la mère au moins une quarantaine d'années. (Cette dernière information est à vérifier, car plusieurs dates, données sur le forum Rimbaud à ce propos, ne conviennent pas par rapport à l'article de M. Gautier).Une personne d’une quarantaine d’années est bien plus crédible qu’une fille de 18 ou 19 ans sur la photographie. Si nous avons un portrait de la fille, il n’y aurait rien d’extraordinaire que celle-ci ressemblât à sa mère. Ce sont des choses qui arrivent. Et puis, la présence de la gérante de l’hôtel n’aurait rien d’incongru auprès du patron de l’hôtel. Décidément, cette photo a une sorte de caractère solennel et on se demande ce que viendrait y faire ce pauvre Rimbaud, vagabond et souffrant. D’ailleurs, il n’est pas attesté que Rimbaud ait logé à l’Hôtel de l’Univers en 1880. Il travaillait à quelques kilomètres et logeait probablement à Aden-Camp même, sur son lieu de travail ou à proximité, comme invite à le penser sa correspondance avec sa mère. Notons au passage que selon les dernières informations données : « Suel recevait tout le monde, ayant de quoi payer, avec la même insouciance et la même déférence ; mais, en homme correct, il savait, par le montant des notes, élever chaque convive à son rang; de sorte qu'en partant, tous étaient enchantés, ravis : les uns d'avoir payé en grand seigneur, les autres de n'avoir pas été pris pour de trop pauvres hères. ». On voit donc que Rimbaud aurait dû payer sa place. Cela coûtait en 1886, 5 roupies, soit environ 11 francs (information de la Revue française de l’étranger et des colonies). Le 17 août Rimbaud avait 7 francs en poche, dont une partie ou la totalité lui venait de son nouveau salaire journalier. Il y a peu de chances qu’en arrivant il se soit installé à l’Hôtel de l’Univers.
Naturellement, les dossiers en cours ne sont pas oubliés, loin de là, mais il faut parfois céder à l’actualité !
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