samedi 25 février 2012

Alain Tourneux au Procope, par Jacques Bienvenu


    J’arrive de Paris où j’ai assisté aujourd’hui même  à l’exquise conférence d’Alain Tourneux donnée pour les Amis de Rimbaud au Procope. Il évoque ses souvenirs avec aisance et simplicité. Il est debout et  parle sans ses notes qu’il a juste déposées sur sa table. Il a passé 32 ans  comme conservateur du Musée Rimbaud ! C’est en 1980 qu’il a commencé dans cette fonction. Le Musée n’était  alors qu’une salle de l’actuel Moulin. Nous apprenons avec étonnement qu’à cette époque Rimbaud était encore considéré comme un voyou par bien des  personnes âgées de la région. Il faisait équipe  avec Gérard Martin qui a été responsable de la Bibliothèque de Charleville pendant 30 ans. Alain Tourneux nous dit qu’il a eu l’impression de côtoyer Rimbaud tous les jours pendant toutes ces années. Il a connu tous les grands rimbaldiens actuels et de plus anciens comme Pierre Petitfils. Il nous explique comment le Musée s’est enrichi au fil des donations successives. Celles d’Henri Matarasso, de Suzanne Briet et plus récemment celles de la famille de Pierre  Bardey. Il nous parle de l’acquisition la plus prestigieuse du musée : celle du manuscrit du  sonnet des Voyelles. Lui et Gérard Martin ont osé dépasser le plafond prévu pour cet achat. Nul regret bien sûr. Ils l’ont acheté l’équivalent de 56000 euros. On n’ose dire combien il en coûterait aujourd’hui pour le musée.
Voici quelques anecdotes amusantes : celle, par exemple, d’Allen Ginsberg qui voulait à tout prix dormir dans la chambre (présumée) de Rimbaud et qui y est arrivé grâce à lui. Celle plus récente du Chanteur Pete Doherty qui a voulu visiter le musée à minuit après son concert. Plus sérieusement, le conservateur parle du nouveau Musée Rimbaud en préparation. Quinze projets d’architectes ont été retenus récemment. La « marraine » du nouveau Musée est Patti Smith. L’idée est de créer un lieu qui sera plus à l’image du poète que l’ancien Musée avec ses rideaux de velours vert et son parquet ciré.
 Je termine ce petit compte rendu par une chose émouvante et singulière. En 2010 était vendue une lettre d’Isabelle Rimbaud à Sotheby’s. Le Musée n’était pas en fond et n’a pu l’acheter. Le vendeur de la lettre était un certain docteur Heitz. Alain Tourneux l’apprit par la suite et …c’était son grand-oncle. Il ignorait qu’il était collectionneur !

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