vendredi 29 juillet 2016

Informations


Un important ouvrage en hommage à Michael Pakenham Le Chemin des correspondances et le champ poétique est disponible aux Classiques Garnier. Nous en donnerons un compte rendu.



Les deux spectacles du festival d'Avignon sur Rimbaud que nous avions évoqués dans notre dernier article ont été signalés récemment dans La Provence :

 M'sieur Rimbaud  et  Arthur Rimbaud en morceaux

samedi 16 juillet 2016

Rimbaud au festival d'Avignon, par Jacques Bienvenu. ( Mis à jour le 17 juillet).

Fabienne Govaerts devant son théâtre du Verbe fou. Photo JB. DR.


Parmi les 1400 pièces de théâtre jouées en Avignon ce vendredi 15 juillet j’avais choisi de me rendre au théâtre du Verbe fou. J’y étais invité par Fabienne Govaerts la directrice qui garde un délicieux petit accent belge qu’elle a conservé de son pays d’origine. Son théâtre se consacre à la littérature. On y jouait deux pièces de Rimbaud dont je vais parler. La première s’intitule M’sieur Rimbaud. Elle a été écrite et mise en scène par une jeune femme de 32 ans Nina Guazzini. La pièce a obtenu deux P’tits Molières en 2015 dans les catégories « Meilleur spectacle tout public » et « Meilleur second rôle masculin ». 

Nina Guazzini. Photo JB. DR.

Voici son sujet : Nina reçoit en 1870 un poème de Rimbaud qui lui est dédié : Les Réparties de Nina. Cependant, et c’est là tout le mystère du scénario, elle meurt après un accident terrible et se retrouve réincarnée dans des sortes de limbes où elle est accueilli par deux anges machiavéliques « La Divine » et « La Fameuse » qui sont deux travestis. Elle doit se plier à leurs caprices. Ils  obtiennent qu’elle signe un papier qui lui permettra de rencontrer Rimbaud lui aussi réincarné. Elle pourra alors vivre avec lui une histoire d’amour qui avait mal commencé.
La pièce est réussie et l’émotion est au rendez-vous. Surtout, elle rompt avec les traditionnelles représentations de la relation amoureuse entre Rimbaud et Verlaine. Je crois que Nina Guazzini a vu juste. Rimbaud n’a pas été uniquement l’homosexuel que l’on présente toujours. Sa vie en Afrique d’ailleurs le montre : Il vivra avec une Abyssine. L’idée de commencer l’histoire avec ce poème si peu commenté des Réparties de Nina est une trouvaille. Dans l’entretien que j’ai eu avec elle, j’ai ressenti  la profondeur de sa rencontre avec le poète pour qui elle nourrit une passion depuis l’âge de 13 ans. Bien qu’elle ait abandonné ses études en classe de quatrième, sa création montre une maitrise parfaite de l’écriture. La pièce est parsemée de réflexions lumineuses. Les citations de Rimbaud sont discrètes. Tout y est suggéré avec un art consommé. Nina Guazzini a compris Rimbaud.

Nathan Métral interprète Rimbaud. Photo JB. DR.

Thimothée Boëda-Binant, Daniel Hederich, Nina Guazzini,
Nathan Metral. Photo JB. DR.



La seconde pièce jouée au théâtre du Verbe Fou ce vendredi 15 juillet avait pour titre :  Arthur Rimbaud en morceaux, adapté et interprété par Jean-François Homo.



Le comédien seul en scène interprète des textes de Rimbaud qu’il déclame et chante - c’est là son originalité - avec un accompagnement musical aux sonorités pop et toutes sortes d’illustrations sonores comme des choeurs obtenus avec le système Vocoder.

Sur la scène quatre accessoires : Un gouvernail, un livre abimé, une vieille bouteille, une malle remplie de cordages avec lesquels le comédien joue pendant les 50 minutes de la représentation. Il a choisi des lettres,  des poèmes qu’il a découpés en « morceaux ».

Le résultat est excellent. L’accompagnement musical soutient admirablement le texte qui est revisité par un artiste au goût très sûr qui maitrise son sujet. Pour ma part, sa lecture du Bateau ivre est la meilleure que j’ai entendue. Le comédien a le sens de la mesure. Il n’en rajoute pas. C’est parfait.

Jean-François Homo sur scène. DR.

Jean-François Homo est né à Paris en 1950. Après des études universitaires, il débute sur les planches comme poète, chanteur, conteur dans les cabarets de Saint-Germain des Près. Il voyage  en France et à l’étranger. Il m’a confié pendant l’entretien que j’ai eu avec lui après son spectacle qu’il avait fait souvent « la manche » à cette époque. Par la suite, sa situation se stabilise : en 1980 il crée sa première compagnie de théâtre puis à Nîmes, en 1991, il fonde la Compagnie Beau Parleur qu’il dirige encore aujourd’hui.


Les deux spectacles M’sieur Rimbaud et Arthur Rimbaud en morceaux sont visibles jusqu’au 30 juillet au théâtre du Verbe Fou, 95 rue des infirmières, 84000 Avignon, Tel : 0033/0490/852990

mardi 5 juillet 2016

Un canular oublié, par jacques Bienvenu


Partie d'échecs à La Touriale. À gauche, Jacques Bienvenu,
à droite le libraire Alain Gilhodes. juin 2016. DR.

À deux pas de chez moi se trouve une librairie historique, très connue à Marseille : La Touriale.  C'est jours-ci dans l'arrière-boutique en sous-sol, je découvris une revue très rare Aires. C'est l'occasion pour moi de revenir sur un canular complètement oublié.

À la fin de cette petite revue Il y a un article daté de février 1991 intitulé : Rimbaud copiste par François Dominique. C'est un excellent canular qui a marché le temps de l'édition du centenaire d'Alain Borer en  1991.





On peut lire, en effet, à la page 1149 de cette édition une note de Yasuaki Kawanabe qui mentionne que la source la plus probable du poème Une Saison en enfer était un poème de Boulay-Paty publié en 1834. Le critique japonais renvoyait à la revue Impressions du Sud et à un article de Lilianne Giraudon intitulé : Rimbaud est mort, lisez Nouveau. Celle-ci y relatait qu'elle avait trouvé dans la revue Aires : "l'un des rares textes intéressant publié depuis janvier" en cette année du centenaire. Elle citait largement l'article de François Dominique et ajoutait : " Voilà une révélation qui en 1991 a le mérite de préciser que le travail poétique, cet obscur labeur qui repose sur un non savoir s'emploie à l'effacement des origines sans pour autant négliger la tradition des copistes. Emprunts et rejets, le poème participe à l'élaboration d'un permanent palimpseste."


Dans l'édition du centenaire d'Alain Borer on doit à Marc Ascionne d'avoir révélé définitivement que la lettre du Baron de petdechèvre était bien un canular contrairement à ce qu'avait affirmé Etiemble puis Steve Murphy à sa suite. Un canular chassait l'autre en quelque sorte.

Cette histoire est riche d'enseignements. On voit bien, notamment, comment les critiques sont en difficulté quand ils se trouvent amenés à établir l'authenticité d'un texte. 

Mise à jour du jeudi 7 juillet

Nous avons reçu le commentaire intéressant suivant,  publié hier :

Canular amplement dévoilé dans "Rimbaud, publications autour d'un centenaire" par Bivort et Murphy: on y lit l'argument imparable de Sergio Sacchi.



Ceci mérite un complément d'information. Il est exact que dans l'ouvrage : Rimbaud,  publications autour d'un  centenaire on trouve sous la plume d'Olivier Bivort les précisions suivantes : la mystification a fait deux autre victimes : Henry Thomas qui précise que : "Le distique bien que copié d'un obscur poète de 1834 est devenu la chanson rimbaldienne par excellence" ( La chasse aux trésors II, Recueil de critiques, Paris, Gallimard, 1992, p. 80) et Roger Little, stroboscopies rimbaldiennes, in Rimbaud cent ans après, actes du colloque de Charleville - Mézières, 5 - 10 septembre 1991, Parade sauvage, colloque 3, 1991, pp 274 - 275.

Olivier Bivort donne de bons arguments pour réfuter l'article de Dominique : La Bibliothèque nationale ne possède pas l'hypothétique première édition de 1834. De plus Sergio Sacchi  rappelle à Bivort que les différentes versions du distique de Rimbaud infirment le fait que Rimbaud puisse retrouver par tâtonnement le distique célèbre O saisons, Ô châteaux ! écrit quarante ans avant. Néanmoins ce canular était vraiment excellent. François Dominique a récidivé un an plus tard en publiant des mémoires de l'abbé Girard, aumonier de l'hôpital de la conception à Marseille, interné pour maladie nerveuse après une confession mystérieuse en novembre 1991. ( Aséroé, figures de l'oubli, Paris, P.O.L, 1992, pp 29-39). Je trouve cela réjouissant ! Cette mise au point d'Oliver Bivort méritait en effet d'être citée. Le seul reproche qu'on peut peut faire à l'édition des publications du centenaire, c'est qu'elle ne mentionne pas l'excellente revue Impressions du Sud


commentaire 6 juillet, anonyme : canular amplement dévoilé dans "Rimbaud, publications autour d'un centenaire; par Bivort et Murphy: on y lit l'argument imparable de Sergio Sacchi. 

samedi 2 juillet 2016

Mort de Yves Bonnefoy



Le grand poète français Yves Bonnefoy est mort vendredi 1er juillet à l'âge de 93 ans. Il n'avait pas cessé tout au long de sa vie de dialoguer avec Rimbaud. Nous publierons un article d'hommage sur ce blog.

                          Rimbaud par Yves Bonnefoy (archive radiophonique, 1966)


Mis à jour le 3 juilletLuchini : « Yves Bonnefoy m’a aidé à comprendre Rimbaud » sur EUROPE 1