Partie d'échecs à La Touriale. À gauche, Jacques Bienvenu, à droite le libraire Alain Gilhodes. juin 2016. DR. |
À deux pas de chez moi se trouve une librairie historique, très connue à Marseille : La Touriale. C'est jours-ci dans l'arrière-boutique en sous-sol, je découvris une revue très rare Aires. C'est l'occasion pour moi de revenir sur un canular complètement oublié.
À la fin de cette petite revue Il y a un article daté de février 1991 intitulé : Rimbaud copiste par François Dominique. C'est un excellent canular qui a marché le temps de l'édition du centenaire d'Alain Borer en 1991.
On peut lire, en effet, à la page 1149 de cette édition une note de Yasuaki Kawanabe qui mentionne que la source la plus probable du poème Une Saison en enfer était un poème de Boulay-Paty publié en 1834. Le critique japonais renvoyait à la revue Impressions du Sud et à un article de Lilianne Giraudon intitulé : Rimbaud est mort, lisez Nouveau. Celle-ci y relatait qu'elle avait trouvé dans la revue Aires : "l'un des rares textes intéressant publié depuis janvier" en cette année du centenaire. Elle citait largement l'article de François Dominique et ajoutait : " Voilà une révélation qui en 1991 a le mérite de préciser que le travail poétique, cet obscur labeur qui repose sur un non savoir s'emploie à l'effacement des origines sans pour autant négliger la tradition des copistes. Emprunts et rejets, le poème participe à l'élaboration d'un permanent palimpseste."
Dans l'édition du centenaire d'Alain Borer on doit à Marc Ascionne d'avoir révélé définitivement que la lettre du Baron de petdechèvre était bien un canular contrairement à ce qu'avait affirmé Etiemble puis Steve Murphy à sa suite. Un canular chassait l'autre en quelque sorte.
Cette histoire est riche d'enseignements. On voit bien, notamment, comment les critiques sont en difficulté quand ils se trouvent amenés à établir l'authenticité d'un texte.
Mise à jour du jeudi 7 juillet
Nous avons reçu le commentaire intéressant suivant, publié hier :
Canular amplement dévoilé dans "Rimbaud, publications autour d'un centenaire" par Bivort et Murphy: on y lit l'argument imparable de Sergio Sacchi.
Ceci mérite un complément d'information. Il est exact que dans l'ouvrage : Rimbaud, publications autour d'un centenaire on trouve sous la plume d'Olivier Bivort les précisions suivantes : la mystification a fait deux autre victimes : Henry Thomas qui précise que : "Le distique bien que copié d'un obscur poète de 1834 est devenu la chanson rimbaldienne par excellence" ( La chasse aux trésors II, Recueil de critiques, Paris, Gallimard, 1992, p. 80) et Roger Little, stroboscopies rimbaldiennes, in Rimbaud cent ans après, actes du colloque de Charleville - Mézières, 5 - 10 septembre 1991, Parade sauvage, colloque 3, 1991, pp 274 - 275.
Olivier Bivort donne de bons arguments pour réfuter l'article de Dominique : La Bibliothèque nationale ne possède pas l'hypothétique première édition de 1834. De plus Sergio Sacchi rappelle à Bivort que les différentes versions du distique de Rimbaud infirment le fait que Rimbaud puisse retrouver par tâtonnement le distique célèbre O saisons, Ô châteaux ! écrit quarante ans avant. Néanmoins ce canular était vraiment excellent. François Dominique a récidivé un an plus tard en publiant des mémoires de l'abbé Girard, aumonier de l'hôpital de la conception à Marseille, interné pour maladie nerveuse après une confession mystérieuse en novembre 1991. ( Aséroé, figures de l'oubli, Paris, P.O.L, 1992, pp 29-39). Je trouve cela réjouissant ! Cette mise au point d'Oliver Bivort méritait en effet d'être citée. Le seul reproche qu'on peut peut faire à l'édition des publications du centenaire, c'est qu'elle ne mentionne pas l'excellente revue Impressions du Sud.
commentaire 6 juillet, anonyme : canular amplement dévoilé dans "Rimbaud, publications autour d'un centenaire; par Bivort et Murphy: on y lit l'argument imparable de Sergio Sacchi.
Cette histoire est riche d'enseignements. On voit bien, notamment, comment les critiques sont en difficulté quand ils se trouvent amenés à établir l'authenticité d'un texte.
Mise à jour du jeudi 7 juillet
Nous avons reçu le commentaire intéressant suivant, publié hier :
Canular amplement dévoilé dans "Rimbaud, publications autour d'un centenaire" par Bivort et Murphy: on y lit l'argument imparable de Sergio Sacchi.
Ceci mérite un complément d'information. Il est exact que dans l'ouvrage : Rimbaud, publications autour d'un centenaire on trouve sous la plume d'Olivier Bivort les précisions suivantes : la mystification a fait deux autre victimes : Henry Thomas qui précise que : "Le distique bien que copié d'un obscur poète de 1834 est devenu la chanson rimbaldienne par excellence" ( La chasse aux trésors II, Recueil de critiques, Paris, Gallimard, 1992, p. 80) et Roger Little, stroboscopies rimbaldiennes, in Rimbaud cent ans après, actes du colloque de Charleville - Mézières, 5 - 10 septembre 1991, Parade sauvage, colloque 3, 1991, pp 274 - 275.
Olivier Bivort donne de bons arguments pour réfuter l'article de Dominique : La Bibliothèque nationale ne possède pas l'hypothétique première édition de 1834. De plus Sergio Sacchi rappelle à Bivort que les différentes versions du distique de Rimbaud infirment le fait que Rimbaud puisse retrouver par tâtonnement le distique célèbre O saisons, Ô châteaux ! écrit quarante ans avant. Néanmoins ce canular était vraiment excellent. François Dominique a récidivé un an plus tard en publiant des mémoires de l'abbé Girard, aumonier de l'hôpital de la conception à Marseille, interné pour maladie nerveuse après une confession mystérieuse en novembre 1991. ( Aséroé, figures de l'oubli, Paris, P.O.L, 1992, pp 29-39). Je trouve cela réjouissant ! Cette mise au point d'Oliver Bivort méritait en effet d'être citée. Le seul reproche qu'on peut peut faire à l'édition des publications du centenaire, c'est qu'elle ne mentionne pas l'excellente revue Impressions du Sud.
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