mercredi 3 mars 2021

Un portrait mal connu de Cabaner

 
DR.




On connaît le portrait de Cabaner, par Manet. Dans le livre référence sur le musicien : Ernest Cabaner, musicien catalan, grand animateur de la vie parisienne, ami intime de Rimbaud et des Impressionnistes, par Claude Colomer, l’auteur signale que Paul Alexis a inventorié pour la première fois en 1887, dans le Cri du peuple, N° 44 « Chez Renoir » un tableau représentant notamment Cabaner. Il précise : que ce tableau représente une réunion en 1876, dans l’atelier de la rue Saint Georges, de cinq amis du peintre, où l’on voit Cabaner dont le profil se détache, à droite, sur la tête de Pissaro. Puis il ajoute que le tableau passa dans la collection du docteur Viau, peinture vendue en 1907 dont on donne une description erronée : la figure désignée comme étant celle de Murer est le portrait de Cabaner. 



Dans l’article de Paul Alexis les personnages mentionnés sont : Alphonse Daudet, Cabaner, Pissaro, Riviere, et  Cordey.
On verra que Daudet n’y est pas représenté. Le problème est que dans des livres d’Art récents la place et le nom des personnages ne sont pas assurés. Après une petite recherche on parvient cependant à avoir une description précise et certaine grâce à Georges Rivière qui figure sur le tableau et qui l’a donnée dans son livre Renoir et ses amis. C’est l’ordre mentionné sur le tableau en tête de notre article.

Pour quelques informations concernant les personnages du tableau nous reproduisons un extrait des archives du Monde sur cette question  : 

Trois ans après son arrivée rue Saint-Georges, Renoir a peint l'une de ces soirées entre amis dans L'Atelier de la rue Saint-Georges. Cinq personnages sont assis, en train de deviser. De gauche à droite : Lestringuez, Georges Rivière, Pissarro, Frédéric Cordey. De dos : Ernest Cabaner. Le choix de cet échantillon est intéressant, par ce qu'il montre et par ce qu'il élimine. Sur les cinq commensaux, seulement deux peintres. L'un, Cordey, est un ami de toujours, un camarade de l'atelier Gleyre. L'autre, Pissarro, est un ancien (il a onze ans de plus que Renoir) déjà chargé d'expérience et un peu hors du temps. Un second rôle et un vétéran...
L'ATELIER de la rue Saint-Georges n'est pas un tableau-manifeste, cherchant à réunir la nouvelle génération, comme l'avaient fait Fantin-Latour et Bazille dans leurs Ateliers des Batignolles. Ni Manet, ni Degas, ni Monet (pourtant si proche), ni Sisley, ni Cézanne... n'ont été convoqués. C'est que l'idée même d'une école ou d'un groupe organisé fait horreur à Renoir. Même s'il se sent solidaire d'un mouvement, il est d'abord un individualiste. Son petit cénacle n'est pas une écurie de peintres. Il est ouvert à d'autres horizons. Deux des trois autres personnages sont des fonctionnaires. Ils font partie de la bourgeoisie éclairée, entre notables et bohème, qui forme une part importante de la communauté artistique de cette époque. Ce sont des originaux, fidèles à leur milieu, mais vivant en marge. Des esthètes, des idéalistes, souvent habités par des marottes. Lestringuez travaille au ministère de l'intérieur et se passionne pour les sciences occultes. C'est un spécialiste de la kabbale. Georges Rivière, avec ses cheveux longs et sa petite moustache, est au ministère des finances et il écrit. Tous les deux ont des loisirs et un grand intérêt pour la peinture. Tous les deux feront carrière dans leur administration et deviendront des bourgeois respectables, tout en restant les amis de Renoir. Rivière est l'auteur de la première biographie du peintre, parue en 1921. Le cinquième personnage, Ernest Cabaner, originaire de Perpignan, est un musicien famélique, une figure de la bohème artistique du Quartier latin et de Pigalle.

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