vendredi 23 septembre 2022

Vente de la lettre d'Isabelle Rimbaud du 28 octobre 1891

 

DR


L’original de la lettre d’Isabelle Rimbaud du 28 octobre 1891 attestant du retour à la foi de son frère sur son lit de mort est mis en vente le 4 octobre par Ader. L’authenticité du témoignage d’Isabelle Rimbaud a été contestée. En consultant notre précédent article et sa discussion on peut le comprendre.


Information communiquée par Vincent Malausa auteur d'un remarquable article sur les liens entre Rimbaud et Godard intitulé : Face à Rimbaud à paraître dans le prochain numéro des Cahiers du cinéma.

3 commentaires:

  1. Le dernier écrit d'Isabelle sur le recueil Illuminations à la toute fin de sa vie est sans conteste ce qui a été écrit de plus juste sur le recueil : le livre "sans fin", un certain évangile. Isabelle fait le lien entre les dernieres paroles de Rimbaud sur son lit de mort et le texte des Illuminations qu'elle ne connaissait pas alors, et qu'elle ne decouvrira qu'après la mort de Rimbaud. La difficulté pour comprendra cela est sans doute plus grande aujourd'hui, car la spiritualité est pour beaucoup de gens nécessairement religieuse, et se confond à grand tort avec la religion. Chez Rimbaud elle est païenne, comme pour l'ensemble de ses amis Franc-maçons, que Rimbaud a connus à Paris, mais surtout à Charleville (parmi ses amis les plus proches et sur la plus longue durée, Jacoby bien sûr, mais surtout un ami méconnu à grand tort par les biographes, Deverrière). Même l'Assis de la bibliothèque du college de Charleville était Franc-maçon (Hubert), mais une autre FM, beaucoup plus ancienne, celle d'avant 1860, furieusement catholique ; ce n'était pas les idées de Rimbaud. La présente lettre d'Isabelle semble également confondre rites (belle description, sobre), et culte. Les rites n'emportent pas nécessairement culte. Enfin ceci : la mère à qui la lettre est adressée avait déjà perdu 2 enfants. Elle croyait à la promesse de vie éternelle : cela veut très concrètement dire qu'elle espérait les revoir. Il en était bien sûr de même pour Rimbaud : il était essentiel pour elles qu'il décède dans les grâces de l'Eglise pour le revoir tout simplement. C'est pourquoi il m'a toujours semblé injuste et un peu ridicule de s'attarder sur cette conversion. Comme vous le dites dans l'un de vos articles je crois me souvenir, de toutes les façons, cette conversion n'emporte rien pour l'oeuvre. Quant à l'homme, il appartient tout de même plus à sa famille qu'à nous, il me semble. FD

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cher Monsieur Delaunoy,

      Vos interventions sur le blog sont toujours pertinentes et il convient de vous répondre. Vous avez raison de mettre en valeur l’article d’Isabelle Rimbaud écrit en 1914. C’est en effet un texte important dans lequel pour la première fois elle admet qu’une partie des Illuminations a été écrite après La Saison en enfer ce que des critiques comme Yves Reboul semblent ignorer. Il est vrai qu’en 1914 la destruction de la Saison en enfer n’était plus tenable depuis l’annonce des exemplaires trouvés à Bruxelles. Cependant quand vous dites que ce que dit Isabelle des Illuminations est «  sans conteste ce qu’il y a écrit de plus juste sur le recueil » vous êtes peu charitables sur les commentaires très nombreux des grands rimbaldiens qui ont écrit sur ce texte par la suite. Néanmoins ce qu’elle écrit à ce sujet mérite une relecture et peut-être avons-nous été injuste à l’égard de la soeur du poète. N’oubliez pas que le titre dans « Reliques « est « Rimbaud catholique » et que cette thèse défendue par Claudel n’est plus soutenable.
      Par ailleurs, vous êtes le seul à donner des informations sur les francs -maçons que Rimbaud a connus. Peut-être avez-vous eu accès aux archives maçonniques de Charleville ?
      Je suis toujours heureux de publier vos informations si originales.

      Supprimer
  2. Oui je peux bien vous le répéter, cette page d'Isabelle vaut bien tout ce que j'ai pu lire sur le recueil Illuminations, quand bien même je ne crois pas à la conversion de Rimbaud. Donc pour moi Isabelle se trompe de bonne foi, et on peut facilement comprendre pourquoi elle se trompe, c'était le sens de mon post. Mais je me fiche pas mal qu'elle se soit trompé ou pas, tout ce qui monte converge. Pour tous les grands rimbaldiens qui n'ont pas vu l'unité de l'oeuvre (que l'ensemble des textes, même incomplet potentiellement, forme recueil, elle l'a ressenti, elle). La maladresse même avec laquelle elle termine son texte, ce pauvre "je le sais", est extrêmement touchant. Puis relisez ces autres pages sur l'agonie de son frère, que Sollers avaient tiré d'un certain oubli il y a quelques années, c'est une experience de lecture absolument formidable, que l'on s'intéresse ou non à Rimbaud.

    RépondreSupprimer