dimanche 2 octobre 2022

Où habitait Léon Deverrière ?

DR. Gallica.

Suite à une importante discussion concernant l’article sur le dessin d’Isabelle Rimbaud, Franck Delaunoy a été amené à donner des informations sur Léon Deverrière, notamment qu’il se prénommait Léandre. Ceci m’a incité à faire quelques recherches personnelles.


Le document que l’on voit en tête du blog est une annonce faite dans le courrier de Moselle du 8 juin 1871. On peut lire que l’adresse de Deverrière gérant du Nord-Est est 14 rue Forest. Cela pose un problème, car le 10 juin 1871 Rimbaud écrit à Demeny : écrivez à M. Deverriere 95 sous les allées pour Arthur Rimbaud.



Il convient de rappeler brièvement qui était Deverrière. Il était professeur de rhétorique à l’institution Rossat où Rimbaud avait étudié. Il était arrivé en 1870 donc après qu’Arthur eut quitté cet établissement. Il était très ami avec Georges Izambard qui l’avait invité à Douai pendant la première et la seconde fugue de Rimbaud. Il habitait dans un appartement du 95 cours d’Orléans qu’il avait loué au photographe Vassogne, dont l’atelier était dans la même maison. Rimbaud avait rapidement sympathisé avec cet homme qui était un républicain. Deverrière et un autre professeur Perrin eurent l’intention de créer un journal le Nord-Est. Deverrière avait démissionné et Perrin avait été renvoyé pour sa sympathie communarde, ils étaient libres. Deverrière était gérant et Perrin directeur. Rimbaud ne put jamais y écrire malgré son désir d’être publié à cause de Perrin qui s’y opposait. Le numéro 1 du journal paru le premier juillet 1871. On comprend que des ouvriers étaient nécessaires avant la publication.


Cependant pendant quelque temps, Deverrière avait été une boîte aux lettres pour Rimbaud qui ne voulait  pas faire connaître à sa mère son courrier.


Il n’y a pas de raison de mettre en doute l’adresse donnée par le courrier de Moselle qui reproduit cinq fois la même annonce les 8, 10, 13, 15 et 17 juin.


Je crois qu’il est possible d’avoir une explication de ce problème. Examinons attentivement les boîtes aux lettres que donne Rimbaud dans ses lettres. Le 10 juin, nous l’avons dit, il donne l’adresse de Deverrière au 95 sous les allées.  De même le 12 juillet dans une lettre à Izambard. Le 20 juin à Jean Aicard Il donne pour la première fois son adresse personnelle au 5 quai de la Madeleine. Le 15 août il demande à Théodore de Banville de lui répondre chez Bretagne, Avenue de Mézières.


Mon hypothèse est que Deverrière a changé d’adresse au mois de juin. Pour la lettre de Rimbaud du 10 juin, on peut penser que Rimbaud n’avait pas été prévenu du changement d’adresse. C’est pourquoi il donne son adresse personnelle le 20 juin. Mais direz-vous et le 12 juillet ?


Il se trouve que j’avais contesté cette date du 12 juillet inscrite sur une invraisemblable lettre à Izambard. Je renvoie à mon article. Ceci confirme mon hypothèse. Si la lettre à Izambard est écrite avant juin 1871, alors Rimbaud donne naturellement l’adresse de Deverrière au 95 sous les Allées. Pour le dire autrement, le 12 juillet Rimbaud savait certainement que Deverrière était rue Forest et ne pouvait donc pas donner l'adresse du 95 sous les allées. La lettre du 12 juillet a une date impossible. Cela confirme bien que la lettre du 12 juillet a été falsifiée par Izambard.


Rimbaud s’était peut-être fâché avec Deverrière à partir de la publication du journal, estimant qu’il aurait pu insister davantage auprès de Perrin. Le « merde à Perrin » dans une lettre ultérieure de Rimbaud montre sa rancune à l’égard du directeur du Nord-Est.

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