mercredi 3 septembre 2014

Jean - Michel Cornu de Lenclos tel que je l'ai connu, par Alain Tourneux




La nouvelle de la disparition de Jean-Michel Cornu, ce 1er août à Phnom Penh, a mis quelques jours à nous parvenir. Si aujourd'hui j'écris ces lignes destinées à Rimbaud ivre, le blog de Jacques Bienvenu, c'est parce que depuis le début du mois de juillet dernier j'avais le plaisir d'y lire le long article que Jean-Michel Cornu avait consacré à Mariam, la compagne abyssine de Rimbaud. Cet article très documenté, amendé et retravaillé pour la circonstance, Jean-Michel l'avait déjà mis en ligne avec une version moins aboutie.[1] En effet, il avait  livré sur son propre site une série d'études très pertinentes pour lesquelles je l'avais félicité en juin dernier.

C'est grâce à la profonde connaissance qu'il avait de l'Éthiopie et de Rimbaud que Jean-Michel s'était décidé à mener ces recherches, c'est en vivant sur place et en se rendant dans des contrées encore peu visitées jusqu'alors par les biographes et spécialistes d'Arthur Rimbaud que Jean-Michel a pu, à mon sens, porter un regard nouveau et très documenté sur la période africaine du poète.

Il faut dire que Jean-Michel avait acquis une parfaite connaissance de ces dix années (1880-1891) au travers de la correspondance de «Rimbaud l'Africain» mais également grâce à Barr-Adjam, ouvrage qu'Alfred Bardey a consacré à cette période et que Joseph Tubiana avait édité en 1981 aux Éditions du CNRS. Jean-Michel Cornu, en tant qu'éditeur (L'Archange Minotaure), a souhaité en faire une nouvelle édition abondamment illustrée en puisant dans l'album Bardey. Cet ouvrage publié en 2010 fut une réussite.

C'est lors des préparatifs de cette réédition que j'ai fait la connaissance de Jean-Michel et que je l'ai mis en relation avec les chercheurs avec lesquels il souhaitait prendre contact, cela au moment précis ou chacun s'interrogeait à propos d'une photographie prise à Aden devant l'Hôtel de l'Univers.
Mais ce n'est pas cela qui intéressait Jean-Michel, il était convaincu, au fond de lui-même, que sa connaissance de l'Éthiopie pouvait apporter beaucoup, en cela nous avons eu envie de le suivre et de lui apporter notre soutien.

C'est ainsi qu'en juin 2010 la réédition de Barr-Adjam paraissait au moment  où ouvrait  une importante exposition au musée Rimbaud de Charleville-Mézières, Mme Marie-José Tubiana et l'Association Aresae avaient en effet largement soutenu cette manifestation par la mise à disposition de très nombreuses photographies pour la plupart issues de l'Album Bardey dont l'original était également présenté grâce à la famille Bardey. En effet, Mme Marie-José Tubiana avait pu reprendre contact avec les descendants d'Alfred et Pierre Bardey, nous ne remercierons jamais assez les initiateurs de cette exposition puisque les très importants dons et dépôts consentis par la famille Bardey l'ont été  à ce moment précis.

Première et quatrième de couverture de Rimbaud par Senedu Abebe


Quelques semaines plus tard, Jean-Michel Cornu et sa compagne Senedu Abebe étaient de retour à Charleville-Mézières, ils ont alors travaillé sur le Fonds Rimbaud conservé au musée Arthur Rimbaud et à la Médiathèque Voyelles, ce mois de Juillet 2010  leur a alors permis de réfléchir à l'éventualité d'un «temps fort Éthiopien» et d'en jeter les bases. Dans un premier temps ce travail de recherche devait déboucher sur la publication de la première biographie de Rimbaud en amharique par Senedu, cet ouvrage contribua à mieux faire connaître Rimbaud en Éthiopie.

Aussi après des mois de démarches et après avoir reçu le soutien de l'Ambassade de France et du Centre Français des Etudes Éthiopiennes, Jean-Michel  et  Senedu  ont eu la satisfaction de voir s'ouvrir en avril 2011 le colloque consacré à Rimbaud l'Éthiopien à l'Université d'Haramaya, campus situé entre Diré-Daoua et Harar. Se sont alors succédés des chercheurs éthiopiens, français, suisses, djiboutiens et britanniques, peuvent en témoigner Marie-Anne Bardey et Claude Jeancolas.

Dès lors Jean-Michel Cornu avait le projet d'aller plus loin et de publier, voire d'organiser une grande exposition consacrée à Rimbaud et à l'Éthiopie, mais il en a été autrement et Jean-Michel s'en est allé sur d'autres chemins.

Jean-Michel Cornu de Lenclos. DR.





[1] C’est la version aboutie qui apparaît, à présent, sur le site de Jean-Michel Cornu de Lenclos. (cliquer sur "accueil" ou aller sur notre lien signalé plus haut pour retrouver les articles)

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