Ombre de Paul Verlaine tenant un revolver. Détail d'un dessin d'Ernest Delahaye. BLJD. |
Le revolver Lefaucheux avec lequel Paul Verlaine blessa Arthur Rimbaud, le 10 juillet 1873 à Bruxelles, sera mis en vente aux enchères le 30 novembre chez Christie's à Paris. Le prix de cette arme est estimé entre 50 000 et 60 000 euros. Cette information est largement diffusée depuis environ une semaine par la presse. La ville de Charleville-Mézières lance même une souscription publique pour l’achat du revolver.
Confisqué par la police après l’arrestation du poète, le revolver aurait été remis, selon l’usage de l’époque, à l’armurerie Montigny où Verlaine l’avait acheté. Un siècle plus tard, cette même armurerie fermait et son propriétaire offrait l’arme à J.R. un collectionneur privé, demeurant en Belgique. Après analyses balistiques et recoupements historiques, il semble acquis que ce revolver est bien celui que Paul Verlaine acheta à Bruxelles le 10 juillet 1873, et avec lequel il tira sur Rimbaud.
C’est Bernard Bousmanne le maître d’oeuvre de la remarquable exposition Verlaine de Mons en 2015 qui avait exposé pour la première fois ce revolver (voir notre photo ci dessous). Il raconte dans cette vidéo la manière dont il a eu connaissance de cette arme.
Photo prise le 5 novembre 2015 par Jacques Bienvenu à l'exposition Verlaine de Mons. |
Il s’était déjà longuement expliqué en 2006 dans son beau livre Reviens, reviens, cher ami. Dans cet ouvrage, le conservateur de la Bibliothèque royale de Belgique répondait à la question essentielle : l’arme conservée par J.R. est-elle bien celle achetée le matin du 10 juillet 1873 ? Je donne textuellement sa réponse :
« Probablement. Il manque cependant une preuve indiscutable. Malheureusement, l’étiquette avec le numéro d’inscription a disparu. Quant au registre de vente de l’armurier Montigny, qui couvrait les années 1870 à 1970, il a été saisi dans les années 1990 par la police belge qui enquêtait alors sur une sordide affaire de meurtre dans la province de Liège. Transmis ensuite aux archives de la police,le registre a été classé par la gendarmerie sous le nom de la personne condamnée à cette époque. Pas sous celui de Montigny. Sauf coup de chance incroyable, impossible dès lors de le retrouver parmi les milliers de dossiers que les archivistes de la police de Liège reçoivent chaque année. Pourtant ce registre donnerait sans aucun doute la preuve incontestable que le revolver de J.R. est celui du procès de Bruxelles ne font qu’un. Il faudra chercher encore. » (p.153).
« Probablement. Il manque cependant une preuve indiscutable. Malheureusement, l’étiquette avec le numéro d’inscription a disparu. Quant au registre de vente de l’armurier Montigny, qui couvrait les années 1870 à 1970, il a été saisi dans les années 1990 par la police belge qui enquêtait alors sur une sordide affaire de meurtre dans la province de Liège. Transmis ensuite aux archives de la police,le registre a été classé par la gendarmerie sous le nom de la personne condamnée à cette époque. Pas sous celui de Montigny. Sauf coup de chance incroyable, impossible dès lors de le retrouver parmi les milliers de dossiers que les archivistes de la police de Liège reçoivent chaque année. Pourtant ce registre donnerait sans aucun doute la preuve incontestable que le revolver de J.R. est celui du procès de Bruxelles ne font qu’un. Il faudra chercher encore. » (p.153).
Le registre n’a toujours pas été retrouvé, mais j’ai interrogé Bernard Bousmanne pour lui demander son opinion actuelle sur l’authenticité du revolver. Sa conviction s’exprime de manière plus catégorique depuis 2006 : il est certain qu’il s’agit bien du revolver de 7 mm de type Lefaucheux que Verlaine a acheté un certain 10 juillet 1873 chez l’armurier Montigny dans les galeries Saint-Hubert de Bruxelles.
Mise à jour du premier novembre : On trouve sur le site des inrocks l'information suivante : Pour Isabelle de Conihout, l’origine de l’arme ne laisse place à aucun doute : “Le pistolet porte bien sur la crosse le numéro 14096 qui correspond à celui inscrit sur le registre de l’armurerie, en face duquel figure le nom de Verlaine lorsqu’il l’a achetée.”
Le registre aurait donc été retrouvé ? Voir la réponse dans l'article mis à jour le 15 novembre.
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