lundi 3 janvier 2011

Le visage de Revoil en 1880 ( partie 1), par Jacques Bienvenu

                                             Revoil 1880   Société de Géographie  Droits réservés

La suite de ce dossier iconographique concerne à présent la photographie  qui représenterait Rimbaud à Aden en août 1880. On sait que M. Lefrère et les découvreurs du document n’avaient pas identifié l’explorateur Lucereau pendant les longs mois où ils ont eu le loisir de l’examiner avant de la révéler au public. Cette nouvelle identification bouleversait leur thèse initiale car elle permettait de dater la photographie d’octobre 1879 à août 1880 au lieu de la fourchette 1880-1890 qu’ils avaient donnée au départ. Dès lors l’hypothèse initiale de M. Lefrère concernant  la présence d’Alfred Bardey sur la photographie comme étant le  barbu de gauche devenait incompatible avec celle de Rimbaud. Mis au pied du mur au moment de l’identification de Lucereau, M. Lefrère a réagi  en inventant une fable qu’il est temps ici de remettre complètement en cause. J’ai déjà commencé à le faire notamment dans un article précédent : «  La photographie d'Aden datée par le gélatino-bromure ».
On sait que M. Lefrère a prétendu que l’explorateur Revoil pourrait être l’auteur de la photographie de groupe et mieux encore que ce dernier pourrait figurer sur celle-ci à la place du barbu de gauche remplaçant opportunément le patron de Rimbaud devenu soudainement redoutable. Pour cela, il s’est appuyé notamment sur un portrait de Revoil peu convaincant qui figurait dans un dictionnaire illustré sur les explorateurs en Afrique de Numa Broc. (Voir : « Les confidences d’une photographie, identification des autres personnages », La Quinzaine littéraire,  1er-15 septembre, N° 1021). Toutefois l’origine première de ce portrait est l’une des photographies de Revoil que tout le monde peut voir  à la Bibliothèque Nationale. Précisons que l’explorateur est parti de Marseille le 25 juillet 1880 pour arriver à Aden le 7 août. Il sera de retour à Marseille à la fin de l’année 1881. Il est donc légitime d’observer tous les portraits de Revoil qui appartiennent à la Société de géographie de Paris et qui s’approchent le plus de  la seule date où Lucereau et Revoil se sont rencontrés  à Aden : en août 1880. La date qui est mentionnée sur le portrait indiqué par Lefrère est 1881. Celui-ci  n’a pu être pris qu’à la fin de l’année 1881 au retour du voyage de Revoil. Il convient de signaler une autre photographie prise en 1880 chez le même photographe Camille Brion de Marseille. Ce second cliché a donc été exécuté nécessairement avant le  25 juillet 1880, date de  départ pour Aden de l’explorateur. On y découvre un Revoil non barbu et on pourrait penser que l’explorateur se laissait pousser la barbe par commodité pendant ses voyages. Il est donc déjà possible que Revoil ne soit que légèrement barbu en août 1880. Laissons cependant de côté le problème de la barbe qui n’est pas le plus important. Cette photographie qui est prise en 1880 est de toute façon plus proche du mois d’août de la même année que l’autre qui est de la fin 1881. Elle montre de manière irréfutable que la calvitie de Revoil, qui ne commence pas au ras de l’oreille, ne correspond pas du tout à celle du  barbu de gauche d’Aden. De plus, la forme des sourcils dont l’arc de cercle est  bien mis en évidence est totalement différente de celle du barbu inconnu. La pseudo identification de Revoil sur la photographie d’Aden est donc un élément parmi d’autres de la fable. Mais alors qui est le barbu de gauche ?

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