lundi 11 avril 2011

RIMBAUD L’ETHIOPIEN, par Claude Jeancolas

       Le Centre Français des Etudes Ethiopiennes et l’Alliance ethio-française d’Addis-Abeba ont organisé conjointement une « Saison Rimbaud » du 28 mars au 8 avril 2011. Expositions, rencontres, conférences, concerts…se sont succédés à Addis, Harar et Dire-Daoué. Le 2 avril, Sinedu Abebe a présenté à la presse la première biographie de Rimbaud écrite en amharique et Alain Tourneux et Marie-Anne Bardey, petite fille de Pierre Bardey, ont ouvert l’exposition de photographies « Rimbaud l’Ethiopien » sur  la base de l’album Bardey, récemment offert au musée par les héritiers Bardey. 
     Le 4 avril, Claude Jeancolas a tenu une conférence sur « l’amour jamais écrit de Rimbaud pour l’Afrique ». Le 6 à Dire-Daoua, présentation du livre de Sinedu Abebe à l’Alliance ethio-française, suivie d’un concert de Bruno Letort . Le 6, dans la maison Rimbaud de Harar devenu Centre Arthur Rimbaud, a été inaugurée avec enthousiasme l’exposition de photographies « Rimbaud l’Ethiopien », tirée de l’album Bardey. 
Les 6 et 7 avril les chercheurs se sont retrouvés dans le grand amphithéâtre de l’université de Haramaya, un campus impressionnant, à l’américaine, et qui accueille 15 000 étudiants. Après une ouverture en musique par la fanfare de la police de Harar, les communications se sont succédées à un rythme très dense. En tête, Sinedu Abebe présenta une vie de Rimbaud en amharique. Jean-Michel Cornu de Lenclos, éditeur, entre autres de la récente réédition de Barr Adjam, et écrivain, enchaîna par « marginalité et création de soi » . 
      Alain Tourneux, conservateur du musée Rimbaud de Charleville-Mézières poursuivit par une présentation des collections éthiopiennes du Musée. Ahmed Zakaria de l’Institut des Etudes Ethiopiennes proposa une étude sur les monnaies de la bourse que Rimbaud avait donné aux Bardey. Il en ressort que Rimbaud était collectionneur puisque certaines pièces, qui ont rejoint le musée Rimbaud par un don de la famille Bardey, datent du XVe siècle, de l’Empire ottoman.Thomas Osmond, professeur à l’Université Harayama rappela quelques données historiques et sociologiques de la région de Harar à la fin du XIXe siècle. Daoud  Abou Bekr et Aramis Houmed Soulé, tous deux Djiboutiens ont traité de « Arthur Rimbaud et les Afars, par-delà le silence ». Ian Campbell de l’Institut des Etudes Ethiopiennes présenta une remarquable étude sur les fameux « brillé » dont Rimbaud fit le commerce à Harar : il se serait investi dans leur design et la production, probablement avec le concours de  la verrerie de Charleville. Brook Beyere et Sinedu Abebe ont parlé de la difficulté de la traduction des poèmes de Rimbaud en Amharique. Ils lurent plusieurs de leurs traductions, grande joie pour les étudiants qui pour la première fois entendaient Rimbaud en leur langue.  Idriss Youssouf, poète djiboutien de culture somalie présenta son prochain livre : une suite de lettres à Rimbaud qui sont des évocations de ses rencontres décisives avec le poète. Chehem Watta, poète djiboutien de culture Afar, lut des extraits de son livre à paraître prochainement : « Rimbaud l’Africain, diseur de silence ». Claude Jeancolas démontra que la Corne d’Afrique était un lieu idéal à l’épanouissement du caractère de Rimbaud. Jean Voelmy avait envoyé une communication sur Alfred Ilg. Enfin on projeta le documentaire de Christophe Kuhn : « Alfred Ilg, l’Abyssinien blanc ». 
     Les modérateurs de ces interventions et tables rondes furent animées par Garbis Korajian, chercheur indépendant, Eloi Ficquet, directeur du Centre Français des Etudes Ethiopiennes, et Marie-Anne Bardey, petite fille de Pierre Bardey, l’employeur de Rimbaud durant ses premières années en corne d’Afrique.
     Ce séminaire dont les actes seront probablement publiés prochainement fera date car il marque la réconciliation de la corne d’Afrique avec la participation riches d’auteurs de la région et la publication concomitamment de trois ouvrages concernant Rimbaud écrits par des Africains.

Je remercie vivement Claude Jeancolas d’avoir bien voulu  rédiger, dès son retour de voyage, le compte rendu  de cette très belle manifestation rimbaldienne.
J Bienvenu

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