jeudi 30 juillet 2015

Rimbaud sur France Culture, volet 4

Aujourd'hui quatrième volet  : Rimbaud : l'explorateur sur le site de l'émission.

Cette fois, Jean-Michel Djian dévoile la vraie raison de la série d'émissions qu’il a consacrée à Rimbaud. Ce quatrième volet commençait assez bien, avec en particulier d'intéressants enregistrements de Michel Butor. Mais il a soudain dérapé, pour laisser place, en milieu d’émission, à un long passage relatif à la présence contestée de Rimbaud sur une photographie représentant la terrasse de l’Hôtel de l’Univers, à Aden. Rappelons que ce document fut révélé au printemps 2010. 

Comment justifier qu'une émission consacrée à Rimbaud explorateur occupe une longue partie de ce volet avec cette histoire de photographie ? Jean-Michel Djian donne longuement la parole à Jacques Desse, découvreur de ce pseudo-portrait, puis à José-Marie Bell, qui prétend avoir identifié les autres personnages de cette photographie et qui conclut à 51% d’authenticité… Pourquoi ne pas avoir interrogé Claude Jeancolas, ou Alain Borer, qui ont d’autres avis sur cette photographie ? Pourquoi ne pas avoir posé la question à André Guyaux, l'éditeur de Rimbaud à la Pléiade qui s'est exprimé clairement à ce propos sur notre blog ? Et pour quelle raison Jean-Michel Djian accorde-t-il une telle importance à ce sujet ? 

Pour information la fréquentation du blog a augmenté considérablement ces jours-ci.

mercredi 29 juillet 2015

Rimbaud sur France Culture. Volet 3

Aujourd'hui troisième volet : Rimbaud, le commerçant sur le site de l'émission.

Avec : José-Marie Bel, Philippe Besson, Alain Borer, Claude Jeancolas,  Edgar Morin, Alain Sancerni, Yves Simon, Alain Tourneux, Abdourahman Wabéri, Kifflé Sélassié, Kenneth White.

Montage qui reprend un grand nombre d'entretiens du film (mal nommé) Rimbaud, le roman de Harrar

Pour les connaisseurs : une bourde à propos de Paul Bourde. La rencontre entre Bardey et Paul Bourde au eu lieu à la date symbolique du 24 décembre 1883, et non deux ans avant la mort de Rimbaud en 1891. Cette extraordinaire entrevue marque le moment magique où la seconde vie de Rimbaud rencontre la première. Paul Bourde n'a jamais parlé de gloire de Rimbaud à ce moment. Très informé il connaissait cependant la publication des Poètes maudits de novembre 1883. Il y a confusion dans l'entretien avec une lettre de Paul Bourde envoyée à Rimbaud en 1888.

Seconde erreur : La fameuse lettre de Rimbaud à Aden où le poète dit : "heureusement que cette vie est la seule est que cela est évident...", est  datée  dans le documentaire du 25 mai 1881 de Harar. Or elle a été redatée par mes soins, du 25 mai 1882 à Aden et non Harar. Feu Lefrère avait d'ailleurs très heureusement rectifié la date, dans son dernier livre de Correspondance posthume publié en avril 2015 (page 176, note 2), à partir de mes publications antérieures. J'aurai l'occasion de revenir sur cette erreur qui n'est pas anodine à mon sens.

Cela dit, ce troisième volet me semble assez bon pour le public. Ma préférence irait au deuxième qui donnait des archives très peu connues  de l'INA.

mardi 28 juillet 2015

Rimbaud sur France Culture. Volet 2

Aujourd'hui, deuxième Volet, Rimbaud, le voyou sur le site de l'émission.

Avec Yves Simon, Philippe Besson, Alain Borer, Hubert-Félix Thiéfaine, Charles Dantzig.

Enregistrements très peu connus d'Etiemble et du fils de Charles Cros. 

Charles Dantzig qui ignorait l'existence d'un article de Roland Barthes dans un texte consacré à Rimbaud  se distingue à nouveau par cette phrase : "on sait que les vers de 1872 de Rimbaud ont été corrigés par Verlaine". Ce qui est une pure invention.

lundi 27 juillet 2015

Rimbaud sur France Culture

Premier Volet : Rimbaud, le génie disponible ce jour sur le site de France Culture.

Avec la participation de : Yves Simon, Philippe Besson, Fabrice Luchini, Yanny Hureaux, Alain Tourneux,  Jean-Baptiste Baronian, Alain Sancerni, Alain Borer, Jean Rouaud.

dimanche 26 juillet 2015

Informations 4

Notre article sur le débat concernant le Dictionnaire Rimbaud a été partiellement mis à jour. Nous espérons avoir la totalité de l'enregistrement pour l'instant indisponible.

Concernant Brice Poreau nous allons donner très prochainement toutes les explications et des révélations très importantes sur cette affaire. On comprendra pourquoi nous avons tardé à les donner. 

À écouter, sur France Culture, un enregistrement en compagnie d'Alain Tourneux qui précède l'inauguration du nouveau musée : Ballade radiophonique sur les traces d'Arthur Rimbaud

jeudi 23 juillet 2015

Brice Poreau (suite N°6)

Brice Poreau. DR. Exclusivité Rimbaud ivre

Nous avons enfin pu identifier Brice Poreau sur une photographie grâce à la méthode biométrique de similarité.Voici pour la première fois son portrait en exclusivité pour les lecteurs de Rimbaud ivre. Rappelons qu'il est l'homme qui avait identifié par une méthode scientifique le portrait de Rimbaud sur une photographie célèbre prise à Aden. On peut se reporter à notre article détaillé du 8 mars 2015.

Brice Poreau a été d'une discrétion exemplaire, mais nous avons mené une enquête approfondie sur ce cas passionnant. Nous révélons ce jour  qu'il est l'auteur d'une thèse confidentielle avec cette précision :

Dans la version électronique, une photographie a été masquée à la demande de l'auteur. 

Quel contraste tout de même entre sa publication célèbre relayée par un très grand nombre de médias et cette thèse confidentielle ! De plus, on y apprend qu'une photographie a été masquée à la demande de l'auteur ! C'est tout simplement prodigieux!

À suivre

mercredi 22 juillet 2015

Informations 3

Commentaires sur l'ouverture du musée Rimbaud

Mise à jour : jeudi 23 juillet.

Débat passionnant sur le Dictionnaire Rimbaud réalisé à la Sorbonne sous la direction d'André Guyaux. Il manque dans ces enregistrements l'introduction importante d'André Guyaux, ce qui est regrettable. 

Intervention assez critique d' Olivier Bivort sur  le dictionnaire Rimbaud
Réponse de Jean-Baptiste Baronian
Intervention de Jean-Baptiste Baronian 


lundi 20 juillet 2015

Informations 2

Jour J mardi pour le musée Rimbaud de Charleville Après un an et demi de chantier, le musée Rimbaud ouvre enfin ses portes au public ce mardi 21 juillet.

Le Point culture
France Culture à l'heure Rimbaud
                                   
En préparation : "Les rimbaldolâtres" : excrément d'oiseau marin ou fientes d'oiseaux clabodeurs ?

Alain Borer "Comme il vous plaira"

samedi 18 juillet 2015

Informations

Chers amis de Rimbaud, voici quelques informations :

Rimbaud ivre sera sur le pont (du Bateau ivre) tout l'été. Nous vous tiendrons informés de toutes les nouvelles rimbaldiennes.

Pour commencer : le site médiapart cite Rimbaud à propos de la Grèce . Nous l'avions fait dans notre article précédent. Nous pensons que Rimbaud, fin analyste politique dans les années 1887, aurait fait un magnifique article à ce propos. Certainement, il aurait annoncé le recours inévitable à la sortie de l'euro pour la Grèce. 

Nous avons le plaisir de vous informer que notre prochain "entretien avec" sera au mois d'octobre avec le très grand rimbaldien japonais Yoshikazu  Nakagi.

Nous n'oublions pas Brice Poreau.

À bientôt.

samedi 11 juillet 2015

Je quitte l'Europe, Arthur Rimbaud





Sur le site de Charleville-Mézières, Rimbaud est présenté comme « le plus grand marcheur d'Europe » . C'est un fait qu'avant de s'installer à Aden et Harrar, il va parcourir à pied, utilisant parfois le train ou le bateau, les pays suivants : Belgique, Angleterre, Allemagne, Autriche, Italie, Suède, Hollande. Marseille sera, pour lui, le lieu de plusieurs étapes. On l'y voit pour la première fois dès 1875. Il est vraisemblable qu'il soit allé en Espagne, engagé par les Carlistes. On a plusieurs témoignages sur ce fait un peu ignoré des critiques marxistes. On le retrouve à Marseille en 1878, alors qu'il se dirigeait vers une île grecque qu'il n'atteindra pas. Tombé malade, il fut rapatrié par le consulat de Livourne à Marseille. La ville phocéenne sera surtout pour le poète la porte de l'orient, le passage obligé pour quitter « l'Europe aux anciens parapets » ainsi qu'il est dit dans son plus célèbre poème Bateau ivre : « Je regrette l'Europe aux anciens parapets ! ». À la fin du même poème, il écrit : « Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache »

Chaque voyage est l'occasion d'apprendre une nouvelle langue : l'anglais, l'allemand, l'italien , l'espagnol etc.

Rimbaud préfigure son destin dans la Saison en enfer de 1873 :

«  Ma journée est faite je quitte l'Europe. Je reviendrai avec des membres de fer, la peau sombre, l'oeil furieux : sur mon masque on me jugera d'une race forte. J'aurai de l'or : je serai oisif et brutal, les femmes soignent ces féroces infirmes retour des pays chauds ». Quand on sait qu'il reviendra à Marseille pour se faire amputer et soigner par sa sœur, on est un peu troublé...

En 1878, Rimbaud est chef de chantier dans une carrière à Chypre.

C'est à partir de 1880 qu'il quitte vraiment l'Europe pour Aden au Yemen et Harar en Ethiopie. Il apprend l'arabe, réclame le Coran de son père. Il connaîtra toutes les langues pratiquées en Afrique. Il a su merveilleusement s'adapter à ces pays, et ne connaîtra jamais aucun problème avec les africains dont il préférait la compagnie à celle des occidentaux. Il écrira à sa famille  le 6 mai 1883 :

« je perds le goût pour le climat et les manières de vivre, et même la langue de l'Europe. »

Notons bien qu'il ne dit pas : la langue française.

C'est toujours le mot Europe qui revient dans ses propos.

On ne connait pas de lettres écrites par lui dans une autre langue que le français et il publiera un long article de voyages en 1887 dans un journal du Caire . Il n'avait, en fait, rien oublié de sa langue natale.

Il fera usage de différentes monnaies locales dont le thaler, mais il préfèrera l'or qu'il mettra un temps dans une ceinture pour le placer dans une banque au Caire.

Rimbaud est toujours actuel, on y reviendra pour d'autres événements comme la réforme du collège et le problème des migrations. À l'heure où j'écris ce texte j'ignore quelles seront les suites de la crise grecque qui risque de changer l'Europe et de faire tomber les anciens parapets.

JB


jeudi 9 juillet 2015

Celui qui voulait devenir Rimbaud

Arthur Pauly lauréat du concours général grâce à Rimbaud

Remise du  prix ce jour, jeudi 9 juillet, à 14H 30 dans le  grand amphithéâtre de la Sorbonne.

Le même Arthur Pauly s'était présenté à l'Académie Française à l'âge de Quinze ans. De nombreux articles lui avaient été consacrés en 2013.

D'après Wikipédia parmi les lauréats illustres on trouve Arthur Rimbaud ! C'est faux évidemment.

Actualisation : vendredi 10 Juillet 12H 11

Voir cet article qui donne des précisions récentes.

vendredi 3 juillet 2015

Dossier Musée, visite du 27 juin

DR.

Photo JB. DR.

Alain Tourneux nous a présenté l'intérieur du musée lors de la visite d'inauguration. Le musée n'était pas ouvert, mais pour la circonstance quelques photographies et vitrines étaient installées dans les salles du Musée.

Photo JB. DR.
L'auteur des quatre photographies est Eric Guglielmi, elles ont figurées dans l'exposition Je suis un piéton rien de plus présentée au musée Rimbaud pendant l'été 2011 et regroupant une quarantaine de photos du même auteur. Au centre on remarque "le Bar des Anges" qui n'est autre que le Cabaret vert démoli peu de temps après avoir été photographié à Charleroi.

Photo JB. DR.

Le conservateur discute avec Laure Matarasso. Au fond deux photos de Jacqueline Salmon, qui a réalisé en 2006  au musée Rimbaud l'exposition "Rimbaud parti", avec des clichés pris à Roche, le très beau catalogue comporte des textes de Jean-Christophe Bailly

Photo JB. DR.
                   Bibliothèque reconstituée de livres ayant appartenu à Rimbaud.

Photo JB. DR.
Vitrine avec des fac-similés de poèmes et les deux photographie Carjat de la collection Gide. La sécurité ne permettait pas d'exposer les originaux.



Une très belle vidéo, déjà signalée, montre notamment à la fin de son reportage la photographie Carjat la plus connue présentée ci-dessus. Il faut en raconter l'histoire. Lorsque j'ai trouvé cette photographie, avec la dédicace au dos d'Isabelle Rimbaud, j'étais persuadé d'avoir trouvé une photographie historique. Pendant plusieurs mois Alain Tourneux m'a objecté avec raison que la photographie du musée Rimbaud, présentée aussi dans le reportage, avait un support plus ancien.
Il s'est exprimé alors sur ce blog. Mais depuis la découverte d'une photographie de l'original, de mon point de vue, je trouve que la photographie Gide est plus conforme à l'original. (voir notre article présentant toutes les photos). Néanmoins, je ne suis pas certain d'avoir convaincu le conservateur qui tient beaucoup à sa belle photographie, on le comprend.

Pour conclure cette magnifique journée je précise que, venant spécialement de Marseille, je me suis vraiment senti chez moi à Charleville. De plus, il faisait beau ce jour là !

Photo A.C.DR
                      Jacques Bienvenu en face du nouveau Musée Rimbaud.

jeudi 2 juillet 2015

Plan du nouveau musée Rimbaud



Texte de présentation repris à partir d'un communiqué d'Alain Tourneux :


le visiteur est invité à commencer par le Grenier où il aura été conduit par l'ascenseur, ensuite il rejoindra le second niveau pour découvrir l'espace Rêveries, puis l'espace Révolutions, ces salles montrant chacune des murs recouverts d'extraits de l'oeuvre, vitrines noires et cimaises rouges permettant de présenter photographies de Charleville et des Ardennes au XIX ème siècle et oeuvres d'artistes du XX ème. 

Au premier niveau, au sein de l'espace Révolutions, ouvrira la salle des manuscrits conçue pour accueillir des documents dans les meilleures conditions. Le visiteur rejoindra ensuite le rez de chaussée pour traverser le Wasserfall, soit un passage à l'air libre sous la première arche du moulin et à 7 m au dessus du niveau de l'eau ... cet espace permet de rejoindre la salle des Voyages où de hautes vitrines recevront tous les témoignages concernant la découverte des villes et contrées traversées par notre poète.

La porte de bronze aménagée à l'arrière du bâtiment permet de se rendre dans un lieu dévolu à des expositions et à des rencontres poétiques, ainsi l'Auberge verte située au bord de la Meuse accueille cet été l'exposition "Ceux de la poésie vécue"  regroupant des oeuvres d'Ernest Pignon-Ernest accompagnées de textes d'André Velter.

Enfin le visiteur peut continuer sa promenade sur l'Ile et découvrir d'autres espaces tel que le Promontoire ouvrant sur le fleuve, sur l'autre rive la maison d'Arthur Rimbaud, ou maison des Ailleurs, invitant à poursuivre le voyage.

C'est à la mi-septembre prochain que cet ensemble prendra enfin toute sa cohérence, dans l'immédiat les portes du monument historique, soit le moulin du XVII ème siècle, se sont déjà refermées pour laisser les aménagements se poursuivre.


mercredi 1 juillet 2015

L’histoire du musée Rimbaud, par Bruno Testa



Comment Arthur le voyou est devenu l’idole de Charleville

Alors que le musée Arthur Rimbaud  de Charleville-Mézières vient de faire peau neuve après un an et demi de travaux, et d’être inauguré le 27 juin,  Bruno Testa nous retrace les grandes étapes de l’histoire du musée dans son livre : « D’Arthur le voyou à l’idole Rimbaud » (PMR éditions).

Que nous apprend l’histoire du musée Rimbaud ? Tout d’abord que l’enfant du pays a eu du mal à s’imposer dans sa ville natale. On connaît le dicton : nul n’est prophète dans son pays. Il faudrait ajouter à cela  la relation tumultueuse qu’a entretenu le jeune Arthur avec sa ville. Les quolibets envers Charleville, baptisée Charlestown, sont nombreux dans sa correspondance. Ne qualifie-t-il pas sa ville de « supérieurement idiote entre les petites villes de province » ? On lui doit également des notations assassines dans sa poésie. Qu’on se souvienne de « la place aux mesquines pelouses » dans son poème À la musique.

Arthur le voyou

Les Carolopolitains lui ont bien rendu sa vindicte. Ainsi le rédacteur de la Croix des Ardennes écrit en 1901 une phrase qui prend toute sa saveur aujourd’hui : 
« Les clous merveilleux qui se fabriquent ici, les solides boulons, les chaînes robustes, les appareils de chauffages commodes et hygiéniques qui sortent de nos usines feront beaucoup plus pour le renom de Charleville que tous les vers de Rimbaud. »
Pourtant, malgré cela, force est de reconnaître que Rimbaud a très vite été honoré dans sa ville natale, grâce au forcing de poètes parisiens, mais aussi d’amis ardennais. Il suffit de se reporter à l’incroyable histoire  du buste Rimbaud, car il y a eu pas moins de trois inaugurations de buste Rimbaud. La première débute peu de temps après la mort d’Arthur, quand amis et admirateurs du poète se mettent en tête de « glorifier par le bronze cet ardennais qui fut l’un des plus grands poètes de France » pour reprendre l’expression de Louis Pierquin dans son appel aux anciens élèves du Collège de Charleville à contribuer au financement du monument (Courrier des Ardennes du 13-14 janvier 1901). 
Un comité du monument tout ce qu’il y a de plus officiel est mis en place qui compte outre des célébrités parisiennes (Félix Fénéon, Paul Fort, Francis Jammes, Pierre Louÿs, Gustave Kahn, Alfred Valette, etc.), le patron de Rimbaud à Aden (Alfred Bardey) et enfin d’authentiques Ardennais : Louis Pierquin déjà nommé, Jean Bourguignon, et l’incontournable et fidèle  Ernest Delahaye qui occupe le poste stratégique de trésorier. 

Le premier buste Rimbaud est inauguré le 21 juillet 1901, square de la Gare. Mais il faut attendre beaucoup plus longtemps pour qu’un musée se mette en place. A cela plusieurs raisons. D’abord, Rimbaud poète ne fait pas l’unanimité. Ce n’est pas le genre de poésie (je parle pour l’essentiel de ses poèmes) qu’on va réciter au tableau noir. A cela il faudrait ajouter que la vie de Rimbaud a été courte, et qu’elle s’est passée en grande partie loin de Charleville. Enfin, on ne possède ni maison, ni objets qui pourraient faire l’objet d’un culte. Si bien qu’il faut attendre véritablement 1954, l’année du centenaire de la naissance du poète, pour que Rimbaud sorte de son purgatoire. 
Cette année-là, en octobre, a lieu une grande exposition à la Bibliothèque nationale, grâce à la conservatrice Suzanne Briet, une Ardennaise originaire des environs d’Attigny. Exposition mémorable ! Les musées de France, du Louvre, de Versailles, de l’Homme, les Archives de France, le Musée de Charleville, des bibliothèques de province et de l’étranger, des ambassades dont l’ambassade d’Egypte à Paris, des particuliers ont conjugué leurs efforts pour rassembler plus de 1200 documents !

Les trois étapes du musée

Le musée Rimbaud naît-il pour autant à ce moment là ? Oui et non. Le 17 octobre 1954, profitant de l’inauguration du troisième buste Rimbaud square de la gare, les pouvoirs publics officialisent ce qu’on pourrait appeler le premier musée Rimbaud. Mais en fait de musée, il s’agit d’une simple salle du musée municipal, situé 2 rue du Musée, dans la chapelle de l’ancien couvent du Sacré-Cœur. Cet embryon de musée est pourtant déjà un grand progrès. Il faut savoir en effet que le musée municipal, créé en 1912, abrite depuis trente ans une petite collection d’objets ayant appartenu à Arthur Rimbaud. Une collection modeste, noyée dans les autres collections du musée. 
La deuxième étape importante est l’installation au Vieux-Moulin en 1969. Mais il n’occupe que le deuxième étage du moulin, la part belle étant attribuée au musée d’Ardenne spécialisé dans les arts et traditions. Il faut attendre véritablement 1994 pour que le musée Rimbaud devienne réellement un musée autonome, séparé du musée de l’Ardenne qui lui se déplace dans ses nouveaux locaux flambant neufs de la place Ducale.

Le clan des Ardennais

L’histoire du musée Rimbaud, c’est aussi une histoire ardennaise. Le musée aurait-il pu voir le jour sans Jean-Paul Vaillant ? Cet homme qui travaille aux impôts, donc dans les chiffres, est aussi un homme de lettres, auteur de romans, récits et contes consacrés aux Ardennes. Président des écrivains ardennais, fondateur de la Société des Amis de Rimbaud le 29 octobre 1929, il peut s’enorgueillir d’avoir pour présidents d’honneur dans son association Ernest Delahaye et Georges Izambard, soit le condisciple de Rimbaud et son professeur, deux hommes qui font intégralement partie de la légende Rimbaud ! Il correspond avec eux comme il correspond avec d’autres rimbaldiens de l’époque dont l’Ardennais Jean-Marie Carré, auteur en 1926 d’une biographie La vie aventureuse de Jean-Arthur Rimbaud, qui a connu un beau succès et rapproché le poète d’un public plus large.
Il y a également André Lebon, maire de Charleville, qui est à l’origine de la fusion de Charleville et de Mézières. Député de 1967 à 1978, il va jouer un rôle non négligeable dans l’histoire du musée. En tant que député, il est souvent présent à Paris. Il en profite pour prospecter les libraires afin d’enrichir le fonds Rimbaud. En 1969, il lance le premier cahier du Centre culturel Arthur Rimbaud. Quand il prend sa retraite politique, il accumule les notes et les documents qu’il intitule délicieusement « glanes rimbaldiennes ». 
Il faut citer Stéphane Taute, conservateur des musées de Charleville et bibliothécaire jusqu’en 1979. C’est grâce à lui que le fonds du collectionneur Henri Matarasso va atterrir à Charleville et donner au musée sa légitimité. Enfin je n’oublie pas Alain Tourneux qui a pris la lourde succession de Stéphane Taute et mené à bien la métamorphose du musée Rimbaud. On lui doit l’autonomie progressive du musée Rimbaud, enfin la transformation actuelle qui  fait du musée un peu vieillot du XXe siècle un musée du futur.

D’Arthur le voyou à l’idole Rimbaud. Histoire du musée Arthur Rimbaud de Bruno Testa (PMR éditions).

Le livre est en vente à la librairie Rimbaud de Charleville-Mézières ou peut se commander en ligne à la même librairie.

Note, par Jacques Bienvenu : Ce livre présente une iconographie remarquable et originale. Nous publierons prochainement la seconde partie de notre dossier sur le nouveau musée Rimbaud.