On vous dit mort, vous, que le Diable/ Emporte avec qui la colporte/ la nouvelle irrémédiable/ qui vient ainsi batte ma porte !
Je n’y veut rien croire. Mort, vous,/ Toi, dieu parmi les demi-dieux !/ Ceux qui le disent sont des fous ./ Mort mon grand péché radieux/
La question de savoir si Rimbaud était vivant en 1888 était donc à l’ordre du jour.
Le document que nous publions n’a jamais été signalé. Il s’agit du journal Le Parisien du 22 octobre 1888 qui annonçait triomphalement des nouvelles d’Arthur Rimbaud et qui précisait « Arthur Rimbaud vit ! »
Il publiait pour cela une lettre du vice-consul de France à Aden E. de Gaspary datée du 29 mai 1888 :
Monsieur Rimbaud Arthur est en ce moment au Harrar où il représente diverses maisons de commerce de cette place. J’ignorais que ce monsieur se fut occupé de travaux d’art. Sa santé est parfaite et il a accompli dernièrement avec succès un voyage au Choa.
Signé E.de Gaspari( sic),
Consul de France
Il faudra attendre le 2 novembre 1889 pour que sous la plume de Paul Bourde on donne des nouvelles de Rimbaud au Harrar. Cependant Jean-Jacques Lefrère écrivait dans Rimbaud le disparu que l’information semblait être passée inaperçue.
Verlaine a-t-il connu cette information du Parisien ? C’est très probable, car Le Parisien comme son nom l’indique était connu à Paris. Ses amis à l’époque ont dû l’en informer.
Mise à jour : Gabriel Mourey était un poète marseillais ami de Mallarmé. Il est très peu connu et mériterait quelques recherches.
Concernant le personnage qui a renseigné Mourey sur Rimbaud, nous avons plusieurs informations :
- La date de la lettre de Gaspary : 29 mai 1888
- Il s’agit d’un ami de Gabriel Mourey passionné de littérature et d’art ultramoderne qui s’amuse à recueillir des documents sur ce que l’on est convenu d’appeler le mouvement décadent.( pourquoi Mourey ne donne pas son nom et donne tous ces renseignements?)
3) C’est nécessairement quelqu’un qui savait qu’on avait annoncé la mort de Rimbaud à partir de 1886 : La Vogue 5 juillet 1886, Le symboliste, 7 octobre 1886, Le temps 24 octobre 1886
Fénéon écrit dans le symboliste du 7-14 octobre 1886 :
Un liminaire de M. Paul Verlaine veut renseigner sur Arthur Rimbaud : ce disparu voguerait en Asie, se dédiant à des travaux d’art. Mais les nouvelles sont contradictoires ; elles le dirent marchand de cochons dans l’Aisne, roi de nègres, racoleur pour l’armée néerlandaise de la Sonde. Ce printemps, la Revue des Journaux et des Livres annonçait le « décès » de M. Arthur Rimbaud, poète et agronome. À la même époque, M. Bourget tenait d’Anglais qu’il était mort, récemment, en Afrique, au service de trafiquants d’arachides, d’ivoire, de peaux. Feu Arthur Rimbaud, – le dénomma un sommaire de la Vogue.
On peut donc émettre l’hypothèse que Félix Fénéon est l’ami qui a renseigné Gabriel Mourey.