samedi 19 octobre 2019

Rimbaud et Sainte-Beuve

                                                         Sainte-Beuve. DR.

Le chapitre «Alchimie du verbe » d’Une saison en enfer semble bien autobiographique. Cette question a déjà été étudiée pour l’ensemble du texte. On se limitera ici au chapitre « Alchimie du verbe ».

Observons d’abord une relation avec la lettre du Voyant écrite deux ans avant : « Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant. » qui renvoie à « Je me flattai d’inventer un verbe accessible à tous les sens » écrit dans « Alchimie du verbe ». Nous savons aussi que Rimbaud a écrit le sonnet des Voyelles qui n’avait pas été publié au moment de l’impression du livre en 1873 et qu’il cite en partie à présent à cette date. Nous n’ignorons pas aussi que les poèmes que Rimbaud commente sont pour la plupart ceux de 1872 qu’il avait communiqués à des amis comme Richepin ou Forain sans oublier Verlaine. Il termine cette section par «  Cela s’est passé. Je sais aujourd’hui saluer la beauté. » Il semble bien avéré qu’«Alchimie du verbe» soit bien un récit de la période de la voyance annoncée en mai 1871 et considérée comme dépassée. De plus,  Rimbaud commence cette section par : « À moi. »

Mais si l’on interroge à nouveau la lettre du Voyant on réalise que celui qui dit : « Je est un autre » explique aussi que les vieux imbéciles ont trouvé du moi la signification fausse. Il se trouve que Rimbaud anticipe le débat que Proust avait lancé contre Sainte-Beuve. Proust expliquait que la biographie de l’auteur ne permet pas de comprendre une oeuvre et que l’écrivain obéit à un autre moi qui est celui de l’artiste. Comme Sainte-Beuve est mort en 1869, on est en droit de se demander si Rimbaud l’a lu.


samedi 5 octobre 2019

Un manuscrit autographe de la lettre de Rimbaud du 18 novembre 1885 révélé.


DR



La lettre du 18 novembre 1885 de Rimbaud à sa famille est connue. Elle comporte 4 pages. On connaissait un fac-similé de la première page. Mais c’est la première fois que le manuscrit autographe complet de la lettre est révélé à la vente Christie’s du 7 octobre. On peut observer des modifications qui présentent un intérêt. En effet, La Pléiade donne la retranscription selon Berrichon et l’édition Lefrère selon un manuscrit d’Isabelle Rimbaud. Les retranscriptions sont les mêmes ce qui prouve que Berrichon a suivi le texte communiqué par Isabelle Rimbaud et que les modifications ne sont pas de lui, mais bien de la soeur de Rimbaud. Voici des exemples relevés :

Page 2 : Isabelle remplace 25 000 francs par 25 000 francs de bénéfice
Page 4 : elle remplace la suite : chameaux, guides, etc, etc. Par chameaux, mulets, guides, etc, etc. 
Rajoutant le mot « mulets »

Elle supprime à la fin de la lettre : « Envoyez-moi ce que je demande, je vous prie. » 

Et la simple signature « Rimbaud » remplace celle du manuscrit « Arthur Rimbaud Hôtel de L’univers Aden ».

Le catalogue de la vente mentionne comme référence la notice que j’ai publiée sur Pierre Labatut dans le Dictionnaire Rimbaud

Information communiquée par Vincent Malausa.