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Fabienne Govaerts devant son théâtre du Verbe fou. Photo JB. DR. |
Parmi les 1400 pièces de théâtre jouées en Avignon ce vendredi 15 juillet j’avais choisi de me rendre au théâtre du Verbe fou. J’y étais invité par Fabienne Govaerts la directrice qui garde un délicieux petit accent belge qu’elle a conservé de son pays d’origine. Son théâtre se consacre à la littérature. On y jouait deux pièces de Rimbaud dont je vais parler. La première s’intitule M’sieur Rimbaud. Elle a été écrite et mise en scène par une jeune femme de 32 ans Nina Guazzini. La pièce a obtenu deux P’tits Molières en 2015 dans les catégories « Meilleur spectacle tout public » et « Meilleur second rôle masculin ».
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Nina Guazzini. Photo JB. DR. |
Voici son sujet : Nina reçoit en 1870 un poème de Rimbaud qui lui est dédié : Les Réparties de Nina. Cependant, et c’est là tout le mystère du scénario, elle meurt après un accident terrible et se retrouve réincarnée dans des sortes de limbes où elle est accueilli par deux anges machiavéliques « La Divine » et « La Fameuse » qui sont deux travestis. Elle doit se plier à leurs caprices. Ils obtiennent qu’elle signe un papier qui lui permettra de rencontrer Rimbaud lui aussi réincarné. Elle pourra alors vivre avec lui une histoire d’amour qui avait mal commencé.
La pièce est réussie et l’émotion est au rendez-vous. Surtout, elle rompt avec les traditionnelles représentations de la relation amoureuse entre Rimbaud et Verlaine. Je crois que Nina Guazzini a vu juste. Rimbaud n’a pas été uniquement l’homosexuel que l’on présente toujours. Sa vie en Afrique d’ailleurs le montre : Il vivra avec une Abyssine. L’idée de commencer l’histoire avec ce poème si peu commenté des Réparties de Nina est une trouvaille. Dans l’entretien que j’ai eu avec elle, j’ai ressenti la profondeur de sa rencontre avec le poète pour qui elle nourrit une passion depuis l’âge de 13 ans. Bien qu’elle ait abandonné ses études en classe de quatrième, sa création montre une maitrise parfaite de l’écriture. La pièce est parsemée de réflexions lumineuses. Les citations de Rimbaud sont discrètes. Tout y est suggéré avec un art consommé. Nina Guazzini a compris Rimbaud.
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Nathan Métral interprète Rimbaud. Photo JB. DR. |
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Thimothée Boëda-Binant, Daniel Hederich, Nina Guazzini,
Nathan Metral. Photo JB. DR. |
La seconde pièce jouée au théâtre du Verbe Fou ce vendredi 15 juillet avait pour titre : Arthur Rimbaud en morceaux, adapté et interprété par Jean-François Homo.
Le comédien seul en scène interprète des textes de Rimbaud qu’il déclame et chante - c’est là son originalité - avec un accompagnement musical aux sonorités pop et toutes sortes d’illustrations sonores comme des choeurs obtenus avec le système Vocoder.
Sur la scène quatre accessoires : Un gouvernail, un livre abimé, une vieille bouteille, une malle remplie de cordages avec lesquels le comédien joue pendant les 50 minutes de la représentation. Il a choisi des lettres, des poèmes qu’il a découpés en « morceaux ».
Le résultat est excellent. L’accompagnement musical soutient admirablement le texte qui est revisité par un artiste au goût très sûr qui maitrise son sujet. Pour ma part, sa lecture du Bateau ivre est la meilleure que j’ai entendue. Le comédien a le sens de la mesure. Il n’en rajoute pas. C’est parfait.
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Jean-François Homo sur scène. DR. |
Jean-François Homo est né à Paris en 1950. Après des études universitaires, il débute sur les planches comme poète, chanteur, conteur dans les cabarets de Saint-Germain des Près. Il voyage en France et à l’étranger. Il m’a confié pendant l’entretien que j’ai eu avec lui après son spectacle qu’il avait fait souvent « la manche » à cette époque. Par la suite, sa situation se stabilise : en 1980 il crée sa première compagnie de théâtre puis à Nîmes, en 1991, il fonde la Compagnie Beau Parleur qu’il dirige encore aujourd’hui.
Les deux spectacles M’sieur Rimbaud et Arthur Rimbaud en morceaux sont visibles jusqu’au 30 juillet au théâtre du Verbe Fou, 95 rue des infirmières, 84000 Avignon, Tel : 0033/0490/852990