Jean-Michel Djian se rend ce samedi à l’invitation d’Alain Tourneux pour parler de sa pièce de théâtre Rimbaud en feu. Cette pièce est jouée en ce moment à Paris au théâtre Antoine jusqu’au 12 mars. C’est l’excellent acteur Jean-Pierre Daroussin qui joue le rôle d’un Rimbaud de 70 ans qui se retrouve en 1924 dans un hôpital psychiatrique à Charleville. Ce n’est pas la première fois qu’une fiction sur Rimbaud est réalisée. La plus connue est celle de Dominique Noguez qui racontait que Rimbaud était reçu à l’Académie française en 1930.
La pièce écrite par Djian se conçoit comme une collaboration avec Jean-Pierre Daroussin, comme l’auteur le dit dans son avant-propos : « J’ai avant tout écrit ce texte pour mon ami Jean-Pierre Daroussin que je considère comme un acteur hors du commun »
De quoi s’agit-il ? On ne sait pas trop comment Rimbaud s’évade de l’hôpital de Marseille juste avant sa mort et réussi à faire croire qu’il y est bien mort. On ne sait pas trop non plus comment il se retrouve à Charleville dans une chambre d’un hôpital psychiatrique. Peu importe finalement. Il suffit d’y croire. Il est entouré de ses livres et boit de l’absinthe qu’il a dissimulée sous son matelas. C’est l’occasion aussi de donner une petite anthologie de textes rimbaldiens qui s’égrènent pendant la pièce : Une saison en enfer, Le Bateau ivre, Le sonnet du trou du cul, Les effarés, Oraison du soir, Les réparties de Nina, L’éternité.
Cette pièce n’est pas destinée aux seuls spécialistes de Rimbaud, d’ailleurs Jean-Michel Djian n’en est pas un. Il se trompe quand il dit que Rimbaud n’aimait pas sa mère et que c’est une vraie méchante. Les rapports entre Arthur et sa mère sont plus complexes. Il n’est pas possible que Rimbaud prenne la main de Djami le dimanche 26 juillet 1891. À cette date Rimbaud est parti de l’hôpital de Marseille pour retrouver sa famille. Son domestique, il l’avait laissé à Aden.
On apprend cependant des anecdotes exactes et amusantes : celle du médecin américain Duncan MacDougall avait fait des expériences en 1907 avec des cadavres pour peser l’âme humaine qu’il avait évaluée à 21 grammes. Cette histoire est authentique et avait créé une polémique. Rimbaud donne cette information à son infirmier.
Dans l’ensemble hormis les petites inexactitudes que le public ne verra pas, la pièce est bien écrite et intéressante. Rimbaud dialogue avec Breton, Michaux et Léo Ferré. Daroussin est remarquable. On peut regretter que le public ne se presse pas plus nombreux pour cette pièce.
Il est encore temps d’y aller !
Il est aussi encore temps d’aller 16 rue Monsieur-Le Prince samedi 19 février pour assister à la conférence de Jean-Michel Djian à 14 heures 30 pour Les Amis de Rimbaud.
Jean-Michel Djian avait publié en 2015 un documentaire intitulé Rimbaud, le roman de Harar où l’on retrouve notamment Jean-Jacques Lefrère, Claude Jeancolas, Alain Borer, Alain Tourneux, Philippe Sollers. On peut lire aussi la critique que j’y avais donnée à l’époque.
Djian avait écrit aussi un pamphlet Les Rimbaldolâtres dans lequel j’étais (injustement) malmené…