Au moment où Rimbaud écrit ses fameuses lettres du Voyant en Mai 1871, Paris est en pleine guerre civile. Dans les lettres du Voyant, Rimbaud expose sa conception de la poésie qui se mêle inextricablement à la révolution de la Commune. Il avait l’espoir que cette révolution changerait tout et que les poètes pourraient s’exprimer. C’est au moment des grands bouleversements, des crises importantes que les poètes sentent les évènements et deviennent des prophètes.
Le confinement était insupportable pour Rimbaud. Il avait été enfermé dans un grenier à 12 ans par sa terrible mère s’il faut en croire un de ses poèmes. L’autorité de cette mère fut une des causes de son désir de s’évader. C’est ce qu’il fit lors de ses fugues en 1870. Comme il le disait lui-même, il adorait la « liberté libre ». Bien que brillant élève il ne supportait plus d’ être confiné dans son lycée. Il rêvait de faire connaître sa poésie et voulait vivre à Paris. Le rôle de Verlaine qui l’avait hébergé chez lui fut capital dans son évolution poétique. Ils firent tous les deux une sorte de fugue en Belgique et en Angleterre. Le seul confinement qu’on lui connaît à son retour en France est la rédaction d’Une saison en enfer qui eut lieu dans le grenier de Roche. La suite de sa vie est une longue série de voyages qui ne sont en fait que le prolongement des fugues de son adolescence.
Ce qui caractérise Rimbaud en dehors de son génie poétique est cette volonté de toujours partir, homme aux semelles de vent, d’explorer de nouvelles contrées. Sur sont lit d’hôpital à Marseille, son ultime et plus dur confinement, il regrettait le temps où il était valide : « Où sont les courses à travers monts, les cavalcades, les promenades, les déserts, les rivières et les mers. »
Le confinement fut certainement insupportable à Arthur Rimbaud. Il a vécu comme il a voulu. Il se voulait libre, mais il y avait un prix à payer pour cette liberté et ce refus d’une vie confinée. Les lettres à sa famille où il se plaint le montrent.