mercredi 29 octobre 2014

lundi 27 octobre 2014

Je suis réellement d'outre-tombe, Arthur Rimbaud



Charleville-Mézières (Ardennes). À l’entrée du cimetière de la ville, où est enterré Rimbaud, une boîte à lettres spéciale invite à lui écrire. (LP/Y.J.) Source.

samedi 25 octobre 2014

Infos

Le 20 octobre dernier, c'était le 160ième anniversaire de la naissance de Rimbaud. On peut consulter sur ce sujet le  site de francetvinfo où il est question, à la fin du reportage vidéo, du nouveau musée Rimbaud.

l'article est intitulé : Un sapin de Noël a tué Rimbaud.


On peut y lire ce passage remarquable : 

Il y a cent soixante ans, presque jour pour jour, naissait Arthur Rimbaud. Une occasion depuis quelque temps de célébrer celui qui, en 1873, lança ce qui allait devenir le cri de ralliement des artistes du XXe siècle : « Il faut être absolument moderne. » Réduisant la complexité de ce programme à une course en avant dans la destruction des codes et dans la réflexion narcissique de l’art sur lui-même, ceux qui s’en réclament oublièrent que Rimbaud était nourri de vers latins et de poésie classique, qu’il était né à l’écriture en même temps qu’il découvrait la souffrance humaine et l’engagement dans les rougeoiements de la Commune, et que son bouleversement du langage était aussi et surtout une quête mystique.

Notre prochain article est en préparation.

dimanche 19 octobre 2014

Les extraordinaires peintures et enluminures de Robert Lanz, par Jacques Bienvenu



La confusion des races, DR Musée Rimbaud

Robert Lanz, enlumineur, peintre et sculpteur est né à Paris le 1er juillet 1896 et mort à Genève le 24 décembre 1965. De 1937 à 1953, il se consacre à la transcription et l’enluminure d’Une saison en enfer et des Illuminations d’Arthur Rimbaud. En 1954 l’album des enluminures consacré aux Illuminations est présenté à la Bibliothèque Nationale de Paris lors de l’exposition du centenaire de la naissance du poète. On a la chance d’avoir accès gratuitement à une vidéo de l’INA de 1960 consacré à cet artiste original qui appartient à la longue galerie des fous sympathiques de Rimbaud. Le film  est malheureusement en noir et blanc, avec le style un peu démodé des interviews de l’époque.On y découvre un homme très simple qui garde un grand béret à l’intérieur de sa  maison remplie d’objets insolites. Il nous explique comment il a réalisé ces incroyables enluminures incrustées d’or pur et de platine. Observez, à la fin du film, la peinture qui figure en tête de l’article. Ce reportage est émouvant et poétique. 

                                                      À voir absolument !

On trouve dans La Grive de 1954, dont j’ai déjà parlé, une enluminure que l’on reconnaîtra au début de la vidéo quand Robert Lanz feuillette son album.




Aujourd’hui Robert Lanz est oublié. Il ne se trouve mentionné dans aucun catalogue ou livre récent consacré à Rimbaud. Il conviendrait de le redécouvrir. Nous aurons cette occasion lors de l’exposition d’ouverture du nouveau musée Rimbaud. Les trois peintures présentées sur ce blog sont celles qui ont été choisies pour cette exposition.


 Rimbaud sur la chaise de l'enfer. DR Musée Rimbaud.




DR Musée Rimbaud.

Signalons à cette occasion que l’inauguration du nouveau musée Rimbaud aura lieu entre juin et septembre 2015. Le blog Rimbaud ivre sera particulièrement attentif à cet événement culturel de première importance.

                  La reproduction de ces photographies inédites est strictement interdite.


lundi 13 octobre 2014

En allant voir une exposition, par Jacques Bienvenu



Effet d'orage sur le Vieux-Port, DR Fondation Regards de Provence.

J’ai vu hier la merveilleuse exposition « Marseille éternelle » au musée Regards de Provence situé en face du fameux Mucem. Je suis enthousiasmé par un peintre marseillais Joseph Garibaldi. Plusieurs de ses toiles représentent le Vieux-Port tel que Rimbaud a pu le voir lors de ses passages à Marseille.

À la boutique des livres du musée j’ai acheté  le Catalogue raisonné de l’œuvre de ce peintre, remarquablement présenté par Pierre Murat. J’ouvre le catalogue en rentrant chez moi  et je lis l'introduction :

1863

Garibaldi naît au moment où pointe la « modernité ». Modernité technique et c’est le premier métro à Londres, le Tube et ses locomotives à vapeur, ou l’invention par Solvay du procédé de fabrication de la soude. Modernité des grandes villes, de leur aspect « transitoire, fugitif, contigent », dont Baudelaire vante la constante métamorphose dans Le peintre de la vie moderne, paru cette année-là. […] Cette année-là, Renan publie sa Vie de Jésus qui démythifie les Évangiles au nom de la raison positive mais paraissent aussi, avec cinquante ans de retard, ces Désastres de la guerre où Goya livrait l’humanité à sa bestialité : ni Dieu ni raison ne l’animent plus.
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Ce texte bref nous en apprend  beaucoup plus sur Rimbaud que certains longs et illisibles commentaires de son oeuvre.

dimanche 5 octobre 2014

Les « Illuminations » du British Muséum, par Jacques Bienvenu


View of London. DR. British Library      

Dans la préface à l’édition originale des Illuminations, en 1886, Verlaine écrit : « Le mot Illuminations est anglais et veut dire gravures coloriées – coloured plates : c’est même le sous-titre que M. Rimbaud avait donné à son manuscrit ». En 1878, dans une lettre adressée à Charles de Sivry, le même Verlaine avait formulé le titre du recueil de poèmes en prose de Rimbaud avec une variante pour le sous-titre : « Avoir relu Illuminations (painted plates) du sieur que tu sais… ». Considérant qu’à cette date Verlaine avait le manuscrit sous les yeux et qu’il ne l’avait peut-être pas revu huit ans après, Bouillane de Lacoste a choisi d’adopter ce dernier sous-titre dans son édition critique des Illuminations.




Cette question du sous-titre posera quelques problèmes aux commentateurs. Ainsi Antoine Adam dans l’édition de la Pléiade de 1972 parlant de « painted plates » écrit : «  les historiens anglais, il est vrai, protestent. Ils soutiennent qu’Illuminations ne peut avoir ce sens ». Il faisait allusion à une publication où le britannique Underwood expliquait que « painted plates » ne peut guère désigner autre chose que des « assiettes peintes ».

Jean-Luc Steinmetz revient sur cette question en 1987 dans un article intitulé : «  La lanterne magique ». Selon lui, le sens d’enluminures du mot illumination  « n’est pas attesté outre mesure dans la langue anglaise ». Cet « outre mesure » semble curieux. Puis il écrit : « Quant au sous-titre il étonne si nous devons le prendre dans son sens le plus ordinaire : assiettes coloriées. Autant dire que les poèmes de Rimbaud seraient à mettre dans le vaisselier de la littérature française »[1].

En 1990, Olivier Bivort, avec plus de justesse, observe que les traducteurs ne tiennent pas compte que dans l’esprit de Verlaine, Illuminations voulait dire gravures, terme qu’il employait dans les deux lettres envoyé à Sivry où il est question des Illuminations. [2].

Jean-Jacques Lefrère plus récemment pose une bonne question. Observant que Verlaine emploie le mot « Illuminécheunes » dans une lettre, écrit : « Cette expression phonétique de la prononciation anglo-saxonne du titre suggère t’elle que le mot Illuminations doit être compris au sens anglais ? »[3]

On voit qu’il est nécessaire de mettre les points sur les i du mot Illuminations. En premier lieu le sens « enluminures » pour Illuminations est attesté, contrairement à ce que suggèrent certains critiques. Il faut aussi savoir que  du temps de Rimbaud le British Muséum possédait une extraordinaire collection d’enluminures dont la période s’étendait sur plus de huit siècles. Les catalogues de l’époque utilisaient le mot illuminations.




Rimbaud fut un lecteur assidu de la bibliothèque du British Muséum, en 1873, pendant le compagnonnage avec Verlaine et en 1874, même après le départ de Germain Nouveau. Il est bien possible qu’il ait eu accès à cette collection[4]. En 2011 - 2012, s’est tenue à la British Library de Londres une grande exposition concernant ces enluminures dont le titre était : The Genius of Illuminations.

Depuis longtemps, Rimbaud est fasciné par les gravures. Le poème L’Éclatante Victoire de Sarrebruck en est en quelque sorte l’illustration puisque le sous-titre mentionne une « gravure brillamment coloriée ».



Gravure présentée à l'exposition Arthur Rimbaud de 1954 


En 1871, dans une lettre à Demeny, le poète, évoquant de « douces vignettes pérenelles où batifolent les cupidons » qui comportaient des « fleurs vertes », fait allusion à des estampes coloriées. 


Estampe 1805

N’oublions pas non plus que dans Une saison en enfer, il écrivait : « J’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires […] ».Ce n’est peut-être pas un hasard si dans le poème « Après le Déluge » on peut lire ces deux phrases :

[…] et l’on tira les barques vers la mère étagée là-haut comme sur les gravures.

Dans la grande maison de vitres encore ruisselante les enfants en deuil regardèrent les merveilleuses images.


                                 Scenes from history,DR. British Library
Juxtapositions d’images, caractéristique des Illuminations

Verlaine a donné un sous-titre aux Illuminations qu’il serait dommage d’ignorer. André Guyaux, dans la notice sur les Illuminations du Dictionnaire Rimbaud, lui a redonné toute son importance en indiquant que Verlaine affirmait ainsi la dimension picturale des poèmes en prose de Rimbaud.





[1] « Rimbaud ou la liberté libre », Parade Sauvage, 1987, p. 97-98.
[2] «  Le modèle du discours pictural dans quelques poèmes des Illuminations », Malédiction ou révolution poétique : Lautréamont/Rimbaud , actes du Colloque de Cerisy , Les Valenciennes, n°13, 1990, p.147.
[3] Dans sa biographie de Rimbaud, p. 666.
[4] Aurélia Cervoni, dans le récent Dictionnaire Rimbaud à la notice « British Museum », indique que le musée londonien exposait dans ses vitrines de nombreux manuscrits enluminés, désignés par le terme « illuminations ».