Depuis que j’ai écrit un article sur Solde le 11 juillet, il convient de faire un bilan des informations qui ont été publiées.
Mon étude sur ce poème, dont j’ignorais qu’elle allait devenir un dossier a pris appui sur un article récent de Steve Murphy. Je ne crois pas que le sujet principal qu’il développe - la première phrase de Solde - soit pertinent. Pierre Brunel a dit brièvement et exactement ce qu’il fallait dire à ce sujet. Néanmoins l’article de Murphy, comme je l’ai dit, est utile et il a engendré sur ce blog une suite inattendue.
J’ai, dans un premier temps, montré par une affiche publicitaire du temps de Rimbaud qu’il était inutile de consulter un dictionnaire pour comprendre que le mot Solde était bien attesté dans son sens actuel de vente au rabais. j’ai aussi montré qu’il existait une troisième acception de ce mot dans l’argot des gens de lettres : « chose de médiocre valeur ». Puis j'ai découvert que le mot inquestionnable avec deux n se trouvait dans un dictionnaire consulté sur Gallica.
Suite à cette étude j’ai eu la bonne surprise de recevoir un article de Lucien Chovet qui s’était fait connaître du monde des rimbaldiens par un article publié en 2001 dans Histoires littéraires et qui expliquait l’origine de la phrase : « Prends-y garde, ô ma vie absente ! » qui n’était pas de Rimbaud, mais de Marceline Desbordes-Valmore. Cette découverte a été publiée la même année par Olivier Bivort qui l’avait faite auparavant de manière totalement indépendante.
L’article « Inquestionnable. Louis XVI précurseur de la poésie moderne » de Lucien Chovet mériterait d’être commenté. À première vue, il participe d’un débat ancien sur l’illisibilité des Illuminations en déclarant que certains poèmes de Rimbaud sont volontairement ambigus et que leur sens est indécidable. Cette thèse a été réfutée, mais Lucien Chovet repose le problème en des termes séduisants. Murphy serait d’ailleurs bien placé pour en faire la critique lui qui écrivait naguère : « Nous croyons toutefois avec Riffaterre, que les Illuminations ne peuvent être tenues pour des textes indécidables ». Le texte de Lucien Chovet nous révèle aussi une fascinante traduction de Louis XVI et la qualité littéraire de son article, qui a le mérite d’être bref et dense à la fois, sera à mon avis une référence. Je le remercie d’avoir choisi mon blog pour alimenter un débat qu’il contribue à rendre, je crois, passionnant.
Par ailleurs, je pense avoir élucidé le sens de l’expression « Élans insensés et infini aux splendeurs invisibles » qui ne doit pas être pris dans le sens « explorer l’invisible » de la lettre du Voyant mais dans le sens de « splendeurs invisibles de Dieu » comme le montre un intertexte trouvé chez Victor Hugo. Il faut comprendre que les élans insensés sont des élans mystiques.
Ensuite, en étudiant le manuscrit de Solde, ce qui d’ailleurs avait déjà été fait depuis longtemps, je suis arrivé à la conviction que Rimbaud n’avait pas fait de faute d’orthographe en écrivant « ignore » au lieu de « ignorent ». J’en ai trouvé une belle justification dans la grammaire du père de Rimbaud que le poète avait annotée. Cette découverte toute récente et que j’ai donnée presque à l’état brut appelle des commentaires que j’ai l’intention de publier, car nous sommes à présent au coeur d’un problème profond : le style et la langue poétique de Rimbaud. Voilà la grande affaire ! Naturellement, ces questions essentielles ont déjà été abordées par de très grands rimbaldiens comme : Atle Kittang, Albert Henry, André Guyaux, Cecil Hackett, Pierre Brunel. Plus récemment, c’est encore à Olivier Bivort que revient le mérite de revenir sur ce sujet. J’indique en plus de son article sur la grammaire de Rimbaud déjà cité, les deux articles suivants qui sont en ligne : Rimbaud plus linguiste qu’alchimiste ; Rimbaud et la langue : modélisations et perspectives.
Observons que dans son livre L’art de Rimbaud au chapitre Grammaire de la poésie, Michel Murat écrit : « Il ne s’agit pas de la grammaire de Rimbaud ; celle-ci reste à écrire ». Ceci nous encourage à commencer ici modestement cette étude. Je donnerai prochainement un document inédit sur la grammaire du père de Rimbaud qui fera le bruit d’un coup de revolver et JE PÈSE MES MOTS…
Affaire à suivre donc. J’invite nos amis rimbaldiens, spécialistes ou amateurs passionnés, qui commencent à rentrer de vacances à bien vouloir me donner un coup de main, car le sujet où je m’aventure est ardu.
Mise à jour du 22 août
Il semble qu'un problème similaire à celui du manuscrit de Solde se trouve dans le poème Génie.
Le manuscrit montre une correction qui ne serait pas de Rimbaud : relevé / relevées
Tous les éditeurs récents ont transcrit : "tous les agenouillages anciens et les peines relevés à sa suite".
Commentaire en préparation.
La discussion se poursuit sur notre précédent article.
Mise à jour du 27 août.
La date d'édition de la grammaire de Rimbaud est 1854. C'est aussi la date de naissance du poète. Vous me suivez ?
Mise à jour du 22 août
Il semble qu'un problème similaire à celui du manuscrit de Solde se trouve dans le poème Génie.
Le manuscrit montre une correction qui ne serait pas de Rimbaud : relevé / relevées
Tous les éditeurs récents ont transcrit : "tous les agenouillages anciens et les peines relevés à sa suite".
Commentaire en préparation.
La discussion se poursuit sur notre précédent article.
Mise à jour du 27 août.
La date d'édition de la grammaire de Rimbaud est 1854. C'est aussi la date de naissance du poète. Vous me suivez ?