dimanche 14 juillet 2013

L' imbécile du 14 juillet, par Jacques Bienvenu


14 juillet 1871


       Monsieur et cher Maître,
    Vous rappelez-vous avoir reçu de province, en juin 1870, cent ou cent cinquante hexamètres mythologiques intitulés Credo in unam ? Vous fûtes assez bon pour répondre !
   C'est le même imbécile qui vous envoie les vers ci-dessus, signés Alcide Bava. —Pardon.
   J'ai dix huit ans. — J'aimerai toujours les vers de Banville.
   L'an passé je n'avais que dix-sept ans !
   Ai-je progressé ?

ALCIDE BAVA.
A. R.


Le poème Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs envoyé à Banville le 15 août, mais daté du 14 juillet, était suivi du mot que nous mettons au début de l'article. Ce poème ne peut se comprendre pleinement que dans la mesure où l'on admet que Rimbaud avait lu à Paris les quatre premiers chapitres du Petit traité de poésie française de Banville publiés dans les livraisons de l'Echo  de la Sorbonne pendant l'été de 1870.

Dans l' introduction de son traité, Banville  avait commencé par dire qu'un imbécile pouvait apprendre à faire de bons vers.



C'est assurément l'explication du mot imbécile dans la lettre de Rimbaud. L'ensemble du poème est truffé d'allusions au traité de Banville. Mais l'histoire des relations de Rimbaud et Banville ne s'arrête pas là. La publication du chapitre V du traité, au moment même où Rimbaud vient habiter chez Banville à Paris, en novembre 1871, est une coïncidence significative. Elle suscitera chez Verlaine et Rimbaud une intense discussion qui conduira à une nouvelle poétique chez les deux poètes. J'y reviendrai.


Le Petit journal,  9 novembre 1871

Sur cette question on peut lire l'article que j'ai publié dans La Revue des ressources.

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