samedi 30 mars 2024

Informations inédites sur Rimbaud à Vienne (mises à jour le 1er avril)

Monsieur Serge Plantureux a fait dans le cadre de la présentation d’un portrait inédit de Rimbaud, une importante découverte. Il a trouvé dans un journal de Vienne des informations inédites et passionnantes sur la présence de Rimbaud à Vienne en 1876. Nous reproduisons ci dessous l’article du journal ainsi que la traduction donnée par Serge Plantureux.


DR. 2024 "courtesy ATELIER41"

«Une mésaventure d’un Français. Samedi soir, dans la Maximilianstrasse, le gardien de la voûte FUCHS a remarqué un jeune homme élégamment habillé, qui semblait appartenir à la haute société, chancelant avec un revolver à barillet en main. Il l'a donc interpellé et remis à un agent de sécurité qui l'a escorté au commissariat de police de la ville. L'étranger, qui ne parlait que français, possédait une boîte de cartouches pour son revolver. Il s'est identifié comme étant Arthur Rimbaud mais a refusé de donner plus d'informations sur sa nationalité.

Les enquêtes ultérieures ont révélé que la personne arrêtée était un professeur de langues, dans sa 22e année, né à Charleville et ayant voyagé via Strasbourg à Vienne, avec l'intention de se rendre en Turquie depuis cette ville. Rimbaud a précisé qu'il n'avait pas l'intention de se suicider, mais qu'il s'était trouvé dans une grande détresse après que ses économies de 500 francs lui eurent été dérobées samedi soir dans un lieu public de divertissement. Il portait le revolver uniquement pour sa protection personnelle.»

* Merci à Mme Heidemarie Bachhofer, et à Mme Sabine Wagner du service d'archives autrichien.

• Fremden-Blatt 29. Februar 1876

Nous avons donc une date précise sur la présence de Rimbaud à Vienne : le 29 février 1876. On apprend que Rimbaud était élégamment vêtu. Il avait possédé une importante somme d’argent : 500 francs-or qui lui avait été dérobé dans « un lieu public de divertissement ». Il avait acheté un révolver pour sa sécurité et non pour se suicider comme on avait pu le croire.


Je soumets ces informations à ceux qui consultent ce blog.


La découverte de Serge plantureux a été annoncée à la réunion de l’Hôtel Rimbaud du 16 mars. Je remercie Hugues Fontaine de m’avoir donné des informations qui m’ont permis de consulter le blog de Serge Plantureux.


Dimanche 31 mars


Suite au commentaire de FD je reproduis l'image donnée par Serge Plantureux sur son blog 



DR.Blog de Serge Plantureux.

Lundi 1er avril


Les informations données sur la présence de Rimbaud à Vienne proviennent de plusieurs sources : des souvenirs de Delahaye, des lettres de Verlaine à Delahaye, de Berrichon. L’article du journal de Vienne nous apprend que Rimbaud possédait un révolver à barillet et une boîte de cartouches. On ignorait que Rimbaud avait un révolver pour sa protection personnelle. Ce n’est pas une information anodine. Cela renvoie à l’achat par Verlaine en juillet 1873 d’un pistolet qui, précisait-il, lui avait coûté cher. On apprend aussi que Rimbaud se présentait comme professeur de langues, mais qui curieusement ne parlait que français ! On connaît à présent le montant de la somme dérobée qui est importante : 500 francs-or qui correspond à une somme de 2500 à 5000 euros, ce qui semble indiquer que Madame Rimbaud avait été bien généreuse. Le « jeune homme élégamment habillé, qui semblait appartenir à la haute société » intrigue un peu. On n’avait pas l’habitude de voir Rimbaud ainsi habillé dans ses pérégrinations. Son costume semble correspondre à un dessin exécuté par Verlaine. Pourquoi Rimbaud tenait-il à être si bien habillé à Vienne ? Avait-il l’intention de se présenter à des employeurs ? N’oublions pas qu’il cherchait par tous les moyens à gagner de l’argent à cette époque. L’intention de se rendre en Turquie confirme ce que nous savions. En revanche nous ignorions sa présence un samedi soir dans un lieu public de divertissement.Vienne n’avait rien à envier à Berlin pour les divertissements publics. On peut comme le fait Serge Plantureux envisager plusieurs hypothèses à ce sujet. Enfin, on apprend qu’après son agression il était « chancelant » avec son révolver à la main. Cette attitude pourrait signifier que Rimbaud avait beaucoup bu et qu’il tenait à peine debout.


Comme je l’ai signalé, cette présentation d’un journal de Vienne entre dans le cadre de la publication par Serge Plantureux d’une photographie de Rimbaud qui lui semble authentique et inédite. Il présente sur son blog un gros dossier de 189 pages. Il montre une photographie prise à Vienne par le photographe Ignaz Hofbauer. C’est un tirage sous forme de carte de visite. Il avait de même réalisé une carte de visite à Milan avec son adresse. 


DR. Blog de Serge Plantureux.


DR.Blog de Serge Plantureux.


Monsieur Plantureux expose longuement des arguments qui l’amènent à penser qu’il s’agit de Rimbaud. Le premier étant la ressemblance avec le Rimbaud de Carjat. Toutefois le Rimbaud de Carjat a 17 ans et le Rimbaud de Vienne a 22 ans. Il étudie tous les éléments de la photographie, les yeux, les oreilles, les mains avec des moyens techniques élaborés. Il utilise largement mon blog pour l’étude des portraits de Rimbaud -je l’ignorais- et j’ai découvert seulement samedi son étude. Monsieur Plantureux a eu les honneurs de plusieurs articles dans la presse. C’est un expert de justice en photographie, il est en outre agrégé en mathématiques et ancien élève de l’ENS. Le lecteur peut juger de ses arguments en consultant son blog. Il peut aussi consulter plusieurs articles donnés sur ce sujet par Hugues Fontaine à cette adresse.


14 commentaires:

  1. C'est très amusant, car quand Verlaine dessinait l'épisode de Vienne à partir des indications de Delahaye, Rimbaud se retrouvait... tout nu... et là, il est décrit très richement vêtu ! C'est bien l'oxymore rimbaldien ! Serait-il outrecuidant de demander à M. Plantureux de publier le fac-similé de l'article avec "Arthur Rimbaud" puis "Rimbaud" plus loin comme la transcription l'indique, car même sur le bandeau diagonal de l'image, je ne peux le dire, et sauf erreur de ma part ? On veut voir écrit Rimbaud !!! Bien à vous, fd

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    1. Jacques Bienvenu31 mars 2024 à 06:46

      On peut le voir à présent !

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  2. Concomitamment (et dans tous les sens) le dossier sur la photo portrait est super bien fait (ce qui n’a pas été toujours le cas).
    À suivre donc.

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    1. Jacques Bienvenu31 mars 2024 à 13:17

      Merci pour message.N’hésitez pas à vous exprimer sur les nouveaux éléments de la présence de Rimbaud à Vienne.

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  3. Il est relevé qu'en décembre 1875, Arthur Rimbaud, s'est déclaré comme professeur au bureau de l'état civil lorsqu'il a enregistré le décès de sa sœur Vitalie.

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    1. Jacques Bienvenu1 avril 2024 à 14:03

      Bien vu. Dans sa lettre de mai 1877 au consul des États -Unis à Brème, il se déclare : "teacher of sciences and languages".

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  4. "Elégamment habillé", "haute société" : j'affirme tout de même que dans son pantalon, on peut en mettre deux comme lui : la longueur paraît bonne, mais à la taille, c'est un jeune homme qui se pousse dans le monde... Cela lui va très bien en somme ! La veste, aux coudes, n'est pas non plus du meilleur effet pour un jeune prince... On a presque envie de lire "Arthur Rimb'" en note manuscrite sous la photo ! fd

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  5. Bonjour, vous avez raison, il y a une anomalie au niveau du coude de la redingote qu'il convient de comprendre. Mais cela est peut-etre plus à rechercher dans l'image photographique que dans la coupe du vetement.

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  6. Jacques Bienvenu3 avril 2024 à 15:58

    Merci Monsieur Plantureux pour votre intervention. Cela donne à la discussion sur mon blog un surcroît d’intérêt.

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  7. En fait, si vous faites une recherche en ligne sur des portraits carte-de-visite des années 1860 ou 1870, prenons par exemple ceux réalisés par Etienne Carjat, vous verrez que beaucoup de jeunes hommes ont des vestes aux manches amples, et des pantalons de drap dans lesquels ils flottent.

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    1. J'approuve totalement votre commentaire ayant eut à faire cette recherche pour identifier des réfugiés de la Commune de Paris sur une photo de groupe en Argentine. Pour ce faire j'ai dû étudier tous les portraits des Communards réalisés par Appert et Carjat en 1871 dans les prisons. Sur 12 adultes présent sur la photo j'en ai identifié 9. Lors de cette recherche j'ai pu remarquer que le lobe de l'oreille est un marquage d'identité principal avant celui du nez !

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    2. Jacques Bienvenu6 août 2024 à 20:25

      Merci de communiquer votre photo et le résultat de votre recherche.

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  8. On est bien d'accord : peu d'entre eux sont de la "haute société". D'ailleurs, il faudrait proposer plusieurs traductions de l'article en allemand ; il ne me semble pas que "haute société" soit désigné comme tel en allemand ; par exemple également sous deepl.com, on traduit "déambuler" plutôt que "chanceler". Décidément, cet article de la feuille d'expat' de Vienne sur Rimbaud est vraiment le plus beau cadeau que l'Autriche ait fait à la France depuis Marie-Antoinette ! Pas moins ! Si les archives de la police de Vienne ont brûlé disiez-vous aux Amis de Rimbaud, alors il faudrait refouiller les archives diplomatiques à Aubervilliers ou Nantes, pour le Consulat/l'Ambassade de France à Vienne. On y retrouve bien Aden ! fd

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  9. Il y a également cet argument pour la photo : des épaules tombantes marquées ; cela m'a toujours frappé sur la photo Carjat II, car Verlaine avait pu parler de la stature de Rimbaud comme celle d'un athlète, mais c'était sans doute plus au regard de sa taille et sa minceur. Le cou est bien dégagé, Rimbaud aurait ravi le bourreau, comme Marie-Antoinette ! fd

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