vendredi 25 février 2011

Les retouches de Berrichon, par Jacques bienvenu.


Autoportrait de Rimbaud en Afrique.Tirage original/Musée Rimbaud, Charleville  



 
                       
                               Autoportrait de Rimbaud en Afrique retouché par Paterne Berrichon




La question de la photographie d’Aden étant réglée, il est temps de revenir aux véritables problèmes que pose l’iconographie rimbaldienne. Celle-ci n’a jamais fait l’objet d’une étude sérieuse, de plus elle a été complètement transformée par le dernier biographe et il conviendra le moment venu d’en faire le bilan.
Dans une « web-publication » à laquelle il a collaboré et donc qu’il approuve, M. Lefrère nie les retouches de Berrichon, tout simplement parce que cette question capitale lui a échappé. Cependant c’est nier l’évidence. Ainsi M. Ruchon a révélé en 1946 un autoportrait original de Rimbaud dont on ne connaissait que la photographie publiée par Berrichon en 1922. Que ce portrait ait été retouché par le mari d’Isabelle Rimbaud est certain. Berrichon lui-même le dit dans sa correspondance avec Isabelle :

« De la photographie d’Arthur au Harrar, voici quel parti je me propose d’en tirer, avec votre assentiment : dès demain, j’irai au laboratoire de M. Lippmann, de l’Académie des Sciences et inventeur de la photographie des couleurs, et lui demanderai s’il n’est pas possible d’en ramener, sur un nouveau cliché, l’intensité. Si oui, nous verrons à faire opérer cette reproduction. Alors, comme cette photographie s’arrange assez bien, une gravure pourrait en être faite. » Ebauches, p. 146

Gabriel Lippmann, physicien français n’était pas n’importe qui et il obtint le prix Nobel de physique en 1908 pour son procédé de reproduction des couleurs, qui serait encore aujourd’hui d’une qualité indépassable.

Dénoncées globalement par François Ruchon en 1946, les retouches de Berrichon sont indéniables. Malheureusement M. Ruchon a fait un grand nombre d’erreurs, publiant lui-même une photographie de Carjat, très mauvaise et retouchée. Cette question est très difficile et je compte expliquer tout cela dans une étude importante, notamment sur les portraits de  Rimbaud par  Carjat, qui réservera bien des surprises. Je pense être en mesure de révéler la vraie image de Rimbaud.


6 commentaires:

  1. La dernière phrase de cet article donne le vertige ! Quelle excitation ! Vite !

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  2. Je précise que j’ai fait ce jour une petite rectification dans mon article. J’avais écrit initialement : « Cette question est très difficile et ne peut être traitée par des amateurs ».C’était dans mon esprit une petite remarque ironique concernant ceux qui me considèrent comme un amateur. Je l’ai retiré car les lecteurs, qui ne suivent pas de près cette histoire, pourraient penser à une vantardise, ce qui n’est pas le cas. Pour être tout à fait clair je me considère comme un amateur, c'est-à-dire : celui qui aime.

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  3. Je me rappelle que dans le livre à images en noir et blanc de François Ruchon l'opposition est tranchée entre les deux documents. Sur l'un, le visage disparaît complètement dans une masse obscure, sur l'autre nous avons le profil bien connu.
    Il y a un autre élément important. Nous sommes sûrs de deux photos du Harar par leur provenance, par la lettre témoin de Rimbaud et par les détails précis que donnent AR (bras croisés et bananier, terrasse).
    Pendant longtemps une photo d'un homme plus rondelet avec un fusil a passé pour portrait de AR, avant qu'on ne relise la correspondance et soupçonne une photo de Sotiro. Nous ne sommes donc pas sûrs à 100% que la photo au pied en avant soit la 6e photo authentique. La carrure ne s'impose pas spécialement par exemple. Cela reste plausible évidemment.

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  4. Le texte de la lettre du 6 mai 1883 dit exactement ceci :"Ces photographies me représentent l'une debout sur une terrasse de la maison,l'autre debout dans un jardin de café[celle que nous montrons], une autre les bras croisés dans un jardin de bananes."

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  5. Observons que les deux sites Rimbaud les plus fréquentés véhiculent cette image fausse de Rimbaud sans préciser qu'elle est très sérieusement retouchée. Le site mag4. net ajoute que c'est la plus vue. Alain Bardel de son côté donne la photo retouchée avec comme source le Musée Rimbaud, alors que la photo non retouchée du musée est mise en ligne depuis plus de 6 ans (!) sur le site http://www.rimbaud-arthur.fr/ de Charleville inauguré pour les 150 ans de la naissance de Rimbaud

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  6. Un internaute bien inspiré me fait remarquer que l’original de la photo de Berrichon que j’avais mis en ligne n’est pas exactement celle publiée par le site de Charleville. C’est d’autant plus absurde que j’en mentionne l’existence dans mon message précédent. Je la remplace ce jour. J’ajoute que la photo retouchée par Berrichon n’est pas très exactement celle de l’édition de La Banderole que je possède, mais celle-ci est pratiquement identique et je n’ai pas toujours envie de mettre en ligne les documents originaux que je possède. Ce qui compte ici, bien entendu, c’est la preuve des retouches de Berrichon

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