Dans l’article
précédent, j’ai posé la question : « Est-ce bien l’écriture de Verlaine ?». Il va de soit qu’il ne s’agit que d’une
interrogation et que pour l’instant la prudence est de règle. Je ne veux pas à
tout prix prouver que l’écriture n’est
pas de Verlaine. Je m’interroge. Je vais ici prolonger cette réflexion en
précisant d’autres éléments. On pourrait se demander s’il existe d’autres
manuscrits de Verlaine qui sont écrits, comme celui de La Grâce d’une écriture scripte (toutes les
lettres sont détachées) qui s’oppose à l’écriture habituellement
cursive de Verlaine. La réponse à cette question est oui. Il existe dans une
lettre écrite à Lepelletier du 22 août 1874 une transcription d’une série de
poèmes Vieux Coppées exactement de la
même écriture. J'observe que cette étrange écriture scripte ne semble avoir été employée
par Verlaine qu’en prison. Ceci serait à vérifier.
Revenons pour l’instant
au manuscrit de La Grâce. On peut voir
sur celui-ci, à la deuxième colonne au vers 2, quelque chose de vraiment bizarre
et qui n’a pas été signalée à ma connaissance. Je donne le vers :
Et, pour mieux déjouer
la malice du dia reste,
Vous avez bien lu : on trouve comme mot à la
rime « dia reste » au lieu du mot « diable » évident qui
figure dans toutes les transcriptions du poème. Vraiment on a du mal à croire
que Verlaine ne mette pas « diable » qui s’impose pour la rime avec « effroyable » dernier mot du vers précédent. Songeons qu’il s’agit
d’un poète qui rime depuis son plus jeune âge et que la rime a quelque chose
d’automatique chez lui. Cette particularité invraisemblable ne pourrait-elle
pas s’expliquer si l’on avait affaire à un mauvais copiste ? D’autant plus
que le mot « reste » se trouve à la rime trois vers plus loin.
D’autres exemples de bizarreries seraient à donner en ce sens en considérant
les autres feuillets du manuscrit de ce poème. En somme, la question est de
savoir si quelqu’un aurait
pu jouer en prison le rôle de copiste pour Verlaine. Il se trouve que dans ses
souvenirs de prison Verlaine raconte qu’il donnait des leçons de français
à un gardien qui voulait s’instruire. Le poète précise qu’il lui dictait des
textes .On voit donc qu’il n’est peut-être pas absurde de penser qu’un copiste
ait pu exister à la prison où Verlaine était enfermé. Ce n’est évidemment
qu’une hypothèse. Je conclus en donnant ces éléments. Il s’agit d’une recherche
en cours qu’un blog permet de donner. Je maintiens qu’il faut être prudent. Des
éléments nouveaux peuvent intervenir et peuvent faire basculer l’hypothèse
dans un sens ou dans l’autre. Quoi qu’il en soit les singularités de ce manuscrit du poème La Grâce me paraissent utiles d’être signalées.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire