Voici à présent la
solution définitive concernant l’écriture mystérieuse du manuscrit de La Grâce. Comme je l’ai expliqué dans la
première partie de cet article, nous étions convaincus Yves Jacq et moi qu’une
autre main que celle de Verlaine avait copié le poème. J’ai exposé tous nos
arguments à ce moment de l’enquête. Mais Yves Jacq m’a donné assez rapidement,
par la suite, un argument décisif qui
prouvait en réalité qu’il s’agissait bien de l’écriture de Verlaine ! Il me
faisait remarquer qu’à la page 38 du manuscrit de Cellulairement reproduit dans l’édition NRF, Poésie/ Gallimard (poème
Via dolorosa), le « Jésus »
du dernier vers est le frère jumeau du « Jésus » du dernier vers de
la page 46 de La Grâce. Les deux mots se superposent parfaitement. De
mon côté les vérifications que j’ai faites à la Bibliothèque Doucet montraient
qu’au recto d’une lettre, Verlaine avait écrit un poème en écriture scripte,
mais qu’au verso il avait écrit un post-scriptum dans son écriture habituelle.
Le doute n’était donc plus permis. C’était une belle leçon de philologie ! Il n’en reste pas moins que cette
fameuse écriture scripte reste malgré tout un mystère. Ce n’est pas évident du
tout d’écrire un long poème de cette manière. Faites l’expérience ! D’autre
part, et sauf information contraire il semble que cette écriture n’ait été pratiquée
par Verlaine qu’en prison. C’est étrange. Par ailleurs, il faudra tenter de
donner une explication du mot à la rime « dia reste ». J’avoue que je
n’ai pas de réponse. La question, je crois, méritait d’être posée. Je remercie
ceux qui ont participé à la discussion. On peut voir celle-ci sur la première partie de l’article, réactualisée.
Une excellente
reproduction du manuscrit complet de La
Grâce a été donnée dans Verlaine
emprisonné coédité par le Musée des
Lettres et Manuscrits et les éditions Gallimard (pages 33-35).
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