lundi 22 mars 2021

Précisions sur la présence de Rimbaud et Germain Nouveau à Charleville en janvier 1875

 


On trouve dans la revue Les Ardennes françaises du premier janvier 1930, un  article intitulé Souvenirs ardennais  qui   donne des  informations sur l’institution Barbadaux où Germain Nouveau fut embauché comme surveillant en janvier 1875 : 

« M.Rossat fut remplacé par un organisateur de premier plan : M. Barbadaux. L’institution Rossat devint sous M. Barbadaux strictement d’enseignement secondaire. Mlle Muller devenue Mme Barbadaux s’occupait de nourrir maîtres et pensionnaires. La tenue de l’école était le pantalon d’artillerie un beau Kepi à liseré d’or et bande rouge dont les élèves étaient très fiers. » 


Sur le dessin que Delahaye a envoyé à Verlaine on voit bien les képis des élèves qui entourent Germain Nouveau.



Dans sa lettre à Verlaine Delahaye écrivait : « Un ancien élève de Barbadaux (Charleville) où le jeune homme a pionné comme tu sais pendant un mois, a parlé de lui. C’était, paraît-il, dans ses temps d’erreur, à l’époque où il imitait le trop glorieux Modèle, à grand renfort d’extravagances & d’absinthes à la Musset. Il y a particulièrement une histoire de punch épatant, dans un pot de chambre, en compagnie des madrés de la pension, qui a dû empêcher l’ Autre de dormir s’il l’a connue. »

Dans sa préface aux Valentines Delahaye ajoute : « Bientôt la première étude est devenue un pur beuglant. M. Germain trouverait encore cela assez simple; mais les chansons et les cris d’animaux peuvent s’entendre au dehors; il a une responsabilité, après tout ; on le paye pour maintenir un certain ordre : il frappe donc avec une cléf, sur son pupitre. Les élèves n’y prennent point garde, il se fâche pour tout de bon : les élèves estiment et le laissent voir, que cette colère est de mauvais goût. Il ne perd pas de temps à déplorer leur ingratitude, il conclut que son rôle est terminé, il s’en va. »


Selon Maïté Dabadie Germain Nouveau avait une chambre en ville, information qu’elle tenait des archives ardennaises.


Il est donc fort possible que Rimbaud et Germain Nouveau se soient réunis dans cette chambre pour mettre au net les Illuminations en janvier-février 1875 juste avant le départ de Rimbaud pour Stuttgart qui part le 13 février.


La mise au net des Illuminations à cette date au lieu du printemps de 1874 à Londres comme je l’ai prouvé, change la donne. Cela semble plus crédible que cette longue attente de 9 mois avant de vouloir les publier. On peut penser que c’est sous l’impulsion de Germain Nouveau que Rimbaud s’était décidé à vouloir imprimer ses poèmes en prose. Par ailleurs, on est en droit de se demander pourquoi Rimbaud ne confia pas directement les manuscrits à Germain Nouveau à ce moment là. La réponse est simple. Confier les manuscrits à Germain Nouveau qui devait accomplir un long trajet à pied de plusieurs mois n’était pas sûr. D’autre part Nouveau lui avait dit qu’il devait être le 12 mars à Bruxelles. C’est la raison pour laquelle Rimbaud demanda à Verlaine d’envoyer le manuscrit des Illuminations à Bruxelles à Germain Nouveau. C’était plus sûr que de les confier à l’auteur des Valentines avant d’aller à Stuttgart et cela obligeait Verlaine à « casquer » pour envoyer le paquet qui lui coûta d’ailleurs 2f 75 de frais de port.


Des recherches ont été entreprises pour retrouver dans les archives ardennaises, la localisation de la chambre de Germain Nouveau, mais cela n’a rien donné pour l’instant.


Sur le problème du manuscrit des Illuminations voir notre article précédent.

4 commentaires:

  1. Les Ardennes francaises, francaises avec un s dans votre premier paragraphe. Sinon bravo pour votre blog. Moi je crois que Germain Nouveau logeait chez Rimbaud quai de la Madelaine en 1875, en janvier la famille n'habitait pas encore rue St Barth.

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  2. Coquille corrigée.Merci. Je doute que Rimbaud ait demandé à sa mère de loger chez elle Germain Nouveau.Rimbaud tenait sa mère à l’écart de sa vie privée.

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  3. Bonjour,
    La tombe de Mr Barbadaux comme celles de Mr Rossat et de Rimbaud se trouve dans l' ancien cimetière de Charleville en haut de l' avenue Charles Boutet . Ses deux épouses successives y reposent . On remarquera que sa première épouse était une Corneau, grande famille d' industriels ardennais . Je peux vous envoyer la photo.
    Cordialement
    JMG

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