dimanche 20 novembre 2022

Actualité rimbaldienne, conférence et colloque

 


Thierry Dardart pendant sa conférence


J’ai assisté hier samedi à la conférence donnée par Thierry Dardart à la Société des Poètes français intitulée L’honneur du capitaine Rimbaud. Cette conférence est organisée par l'Association des Amis de Rimbaud  et est une une reprise de celle qui avait été donnée à Charleville le mois dernier par la même association. Elle fait référence à un livre du même titre publié par l’auteur. Cette conférence renouvelle ce que nous savions du capitaine Rimbaud notamment par un regard croisé entre le capitaine et son fils. Les renseignements recueillis sont pour la plupart très précieux, que ce soit ceux relatifs à la carrière de Frédéric Rimbaud dans l’armée française ou ceux sur sa personnalité beaucoup plus complexe qu’on serait tenté de le croire. Le capitaine Rimbaud échappe à l’image du militaire de carrière de son époque. C’est un homme qui s’intéresse à de nombreux sujets comme le montrent ses divers écrits. On apprend que le capitaine n’a pas laissé de testament, « ultime refus de filiation ». Cette conférence a été suivie par de nombreuses questions posées par l’assistance venue nombreuse. Alain Tourneux peut être satisfait de cette conférence qu’il a organisée dans le cadre des activités de l’association des amis de Rimbaud. 


Colloque du Vendredi 18 novembre.

J’ai pu assister vendredi au colloque intitulé « portraits de maudits (XIXe -XXIe siècle) » organisé à l’école normale supérieure de Cachan.


De Gauche à droite Julien Schuh et Jean-Didier Wagneur

C’était un beau sujet et les communications ont toutes été passionnantes. Je n’ai pas vu le temps passer pendant les quatre heures du colloque. La première intervention a été celle de Jean-Didier Wagneur intitulé « Quand. Le poète peint l’enfer , il peint sa vie » quelques approximations. »

L’érudition de Monsieur Wagner est stupéfiante. Il a notamment présenté sa conférence à travers la presse de l'époque. Il faut dire qu’il a été le maître d’oeuvre de la numérisation de Gallica qui est le paradis des chercheurs.


A suivi  l’intervention de Julien Schuh « Maudit par les poètes : Fancisque Sarcey. » Il s’agit ici de montrer la détestation des écrivains poètes pour un homme qui a été critique pendant 30 ans au journal Le Temps. On voit beaucoup de caricatures du personnage.Ce n’est plus les poètes qui sont maudits, mais le critique qui ne les comprend pas. Ces critiques permettent d’une certaine façon de mieux cerner ce que représentent les poètes maudits.


Puis vint l’intervention de Benoît Houzet « Maudit par anticipation : enjeux de la malédiction dans l’iconographie de Tristant Corbière »

Benoît Houzet est connu pour avoir découvert un document manuscrit exceptionnel sur Tristan Corbière : « le livre noir ». Il utilise ce document pour montrer que Tristan Corbière ne s’estimait pas avant la publication de son livre «  les amours jaunes ». Ce livre noir montre que Corbière faisait des dessins et peintures dans lequel il se caricaturait lui-même. Il se trouvait laid : « maudit par anticipation » et maudit par lui-même. Monsieur Houzet est un jeune chercheur brillant et sympathique. Pour information il prépare une thèse sur Corbière sous la direction de Steve Murphy.


à l'extrême gauche Benoît Houzé, Henri Scepi, Eric Dayre.

L’intervention suivante « Photographier le maudit : les portraits de Baudelaire par Nadar » est celle de Eric Dayre qui enseigne à ENS de Lyon. Intervention tout simplement géniale qui présente l’importance de la photographie de Baudelaire de 1855 par Nadar qu’il met en parallèle avec celle de l’atelier de Courbet où Baudelaire est représenté. Son analyse très fine montre que l’auteur des Fleurs du mal n’y est pas représenté suivant les habituels portraits en pied de Nadar. Selon lui l’explication réside entre la rivalité des deux frères Nadar dont le plus jeune serait meilleur photographe et de loin. Intervention fascinante qui ouvre des perspectives pour les chercheurs.


La dernière intervention est celle de l’Américaine  Raisa Rexer « les poètes maudits de Carjat : Rimbaud, Verlaine, Mallarmé »

Intervention d’une spécialiste de littérature et de photographie. Sa présentation des portraits de Mallarmé donne de précieuses remarques notamment sur le fait que Mallarmé ait préféré se montrer d’après le portrait de Manet plutôt que sur une photographie où il semble beaucoup plus jeune. Concernant les portraits de Rimbaud par Carjat je me suis permis d’intervenir en précisant que j’avais résolu complètement le problème des deux photographies de Carjat. J’ai eu le regret de constater qu’Andréa Schellino défendait l’idée maintes fois exprimée que les deux photographies de Carjat avaient été prises le même jour avec des arguments qui n’ont plus lieu d’être. On revient à Berrichon qui disait que les deux photographies avaient été prises à quelques heures d’intervalle. Erreur déjà signalée en 1949 par Pierre Petitfils. Je réalise qu’il est important que je publie une explication détaillée de cet intéressant problème.


Henri Scepi et Raisa Rexer.
 En projection les deux photos de Rimbaud

Je regrette de n’avoir pu assister aux interventions du samedi particulièrement à celle d’Henri Scepi « Fraternité maudite : Vangogh, Artaud et le "monde n’a qu’à la boucler" ». La finesse des analyses d’Henry Scepi est bien connue.


En résumé c’est un colloque passionnant et il faut féliciter Adrien Cavallaro et Andréa Schellino de l’avoir organisé.




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