samedi 6 septembre 2025

Rimbaud et Catulle Mendès, le malentendu.

 

Catulle Mendès. DR.

Catulle Mendès fut un témoin de Rimbaud, mais il n’a jamais apprécié le poète et ceci dès le début. Nous savons par Verlaine qu’il ne partageait pas l’enthousiasme pour le jeune prodige, il écrivait le 1er décembre 1895 dans Les beaux arts : « Les grands Parnassiens (Coppée, Mendès, Heredia) n’admirèrent que mal ou pas du tout le phénomène nouveau. » 


On est certain que Rimbaud et Mendès se sont rencontrés le 15 novembre 1871 à la représentation du Bois de Glatigny à l’Odéon. Edmond Lepelletier en avait donné un compte rendu le lendemain dans Le Peuple souverain : «  Tout le Parnasse était au complet, circulant et devisant au foyer, sous l’œil de leur éditeur Alphonse Lemerre. On remarquait ça et là le blond Catulle Mendès donnant le bras au flave Mérat. Léon Valade, Dierx, Henri Houssaye causaient ça et là. Le poète saturnien Paul Verlaine donnait le bras à une charmante jeune personne, Mlle Rimbaut(sic). » On ne sait pas si Rimbaud  a pu à cette occasion parler à Mendès.


Notre poète n’avait pas a priori d’animosité à l’égard de Mendès. Dans sa lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871 il citera Mendès comme représentant des « fantaisistes » ce qui laisse entendre qu’il avait probablement connaissance de la Revue fantaisiste dont Mendès était le fondateur en 1861. Dans cette revue des articles très importants de Baudelaire, Banville et Gautier avaient été publiés. Rimbaud a su aussi que Mendès avait créé en 1866 avec Louis Xavier de Ricard la revue Le parnasse contemporain.


Le 15 juin 1872, Rimbaud pouvait lire dans La Renaissance littéraire et artistique trois poèmes de Mendès. Nous ne savons pas ce que Rimbaud a pu en penser.


Les trois poèmes de Mendès  dans La Renaissance

La femme de Mendès, Judith, était la fille de Théophile Gautier. Elle avait aussi écrit dans La Renaissance littéraire et artistique des poèmes en prose dont la forme semble avoir inspiré Rimbaud. Pour la petite histoire Gautier qui n’aimait pas son gendre l’avait surnommé « crapule m’embête ».



Dans son  Rapport à M. le ministre de l'Instruction publique et des beaux-arts sur le mouvement poétique français de 1867 à 1900, Mendès minimise l’influence de Rimbaud avec un parti pris de dénigrements comme le montrent des extraits de ce rapport :



Pour ce qui est d'Arthur Rimbaud, bien loin d'avoir rien innové du tout, il fut, non sans intensité d'ailleurs, avec quelque chaude violence, un exaspéré Romantique attardé (…)

je pense au Bateau ivre, on n'y peut pas même voir une allégorie; ce n'est qu'une figure de rhétorique, démesurée.(…)

je songe aux Effarés, aux Pauvres à l'église, aux Premières communions, Chercheuses de poux), l'intention symbolique d’Arthur Rimbaud paraît bien improbable. La vérité, c'est que, le plus souvent. il s'efforce à l'expression excessive, mais directe, de ce qu'il éprouve. de ce qu'il imagine, de ce qu'il voit. Et, romantique, — le Sonnet sur la couleur des voyelles n'a rien qui me contredise, — il l'est quant à la forme aussi. Son vers, à la rime riche et qui veut être rare, son vers rude, cassant, cassé, cacophonique, (chaque strophe faisant l'effet d'un panier plein de tessons de bouteilles)(…)Arthur Rimbaud ne semblera guère dans l'avenir, je pense, qu'un Petrus Borel naturaliste.

Catulle Mendès a joué un grand rôle pour la poésie de son temps. Il a laissé un nombre considérable d’écrits mais la postérité l’a complètement oublié. Dommage .



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire