La
nouvelle de la disparition de Jean-Michel Cornu, ce 1er août à Phnom
Penh, a mis quelques jours à nous parvenir. Si aujourd'hui j'écris ces lignes
destinées à Rimbaud ivre, le blog de
Jacques Bienvenu, c'est parce que depuis le début du mois de juillet dernier
j'avais le plaisir d'y lire le long article que Jean-Michel Cornu avait
consacré à Mariam, la compagne abyssine de Rimbaud. Cet article très documenté,
amendé et retravaillé pour la circonstance, Jean-Michel l'avait déjà mis en
ligne avec une version moins aboutie.[1]
En effet, il avait livré sur son propre
site une série d'études très pertinentes pour lesquelles je l'avais félicité en
juin dernier.
C'est
grâce à la profonde connaissance qu'il avait de l'Éthiopie et de Rimbaud que
Jean-Michel s'était décidé à mener ces recherches, c'est en vivant sur place et
en se rendant dans des contrées encore peu visitées jusqu'alors par les
biographes et spécialistes d'Arthur Rimbaud que Jean-Michel a pu, à mon sens,
porter un regard nouveau et très documenté sur la période africaine du poète.
Il
faut dire que Jean-Michel avait acquis une parfaite connaissance de ces dix
années (1880-1891) au travers de la correspondance de «Rimbaud l'Africain» mais
également grâce à Barr-Adjam, ouvrage
qu'Alfred Bardey a consacré à cette période et que Joseph Tubiana avait édité
en 1981 aux Éditions du CNRS. Jean-Michel Cornu, en tant qu'éditeur (L'Archange
Minotaure), a souhaité en faire une nouvelle édition abondamment illustrée en
puisant dans l'album Bardey. Cet ouvrage publié en 2010 fut une réussite.
C'est
lors des préparatifs de cette réédition que j'ai fait la connaissance de
Jean-Michel et que je l'ai mis en relation avec les chercheurs avec lesquels il
souhaitait prendre contact, cela au moment précis ou chacun s'interrogeait à
propos d'une photographie prise à Aden devant l'Hôtel de l'Univers.
Mais
ce n'est pas cela qui intéressait Jean-Michel, il était convaincu, au fond de
lui-même, que sa connaissance de l'Éthiopie pouvait apporter beaucoup, en cela
nous avons eu envie de le suivre et de lui apporter notre soutien.
C'est
ainsi qu'en juin 2010 la réédition de Barr-Adjam
paraissait au moment où ouvrait une importante exposition au musée Rimbaud de
Charleville-Mézières, Mme Marie-José Tubiana et l'Association Aresae avaient en
effet largement soutenu cette manifestation par la mise à disposition de très
nombreuses photographies pour la plupart issues de l'Album Bardey dont
l'original était également présenté grâce à la famille Bardey. En effet, Mme
Marie-José Tubiana avait pu reprendre contact avec les descendants d'Alfred et
Pierre Bardey, nous ne remercierons jamais assez les initiateurs de cette
exposition puisque les très importants dons et dépôts consentis par la famille
Bardey l'ont été à ce moment précis.
Première et quatrième de couverture de Rimbaud par Senedu Abebe |
Quelques
semaines plus tard, Jean-Michel Cornu et sa compagne Senedu Abebe étaient de retour à
Charleville-Mézières, ils ont alors travaillé sur le Fonds Rimbaud conservé au musée Arthur Rimbaud et à la Médiathèque
Voyelles, ce mois de Juillet 2010 leur a
alors permis de réfléchir à l'éventualité d'un «temps fort Éthiopien» et d'en
jeter les bases. Dans un premier temps ce travail de recherche devait déboucher
sur la publication de la première biographie de Rimbaud en amharique par
Senedu, cet ouvrage contribua à mieux faire connaître Rimbaud en Éthiopie.
Aussi
après des mois de démarches et après avoir reçu le soutien de l'Ambassade de
France et du Centre Français des Etudes Éthiopiennes, Jean-Michel et
Senedu ont eu la satisfaction de
voir s'ouvrir en avril 2011 le colloque consacré à Rimbaud l'Éthiopien à
l'Université d'Haramaya, campus situé entre Diré-Daoua et Harar. Se sont alors
succédés des chercheurs éthiopiens, français, suisses, djiboutiens et
britanniques, peuvent en témoigner Marie-Anne Bardey et Claude Jeancolas.
Dès
lors Jean-Michel Cornu avait le projet d'aller plus loin et de publier, voire
d'organiser une grande exposition consacrée à Rimbaud et à l'Éthiopie, mais il
en a été autrement et Jean-Michel s'en est allé sur d'autres chemins.
Jean-Michel Cornu de Lenclos. DR. |
[1]
C’est la version aboutie qui apparaît, à présent, sur le site de Jean-Michel
Cornu de Lenclos. (cliquer sur "accueil" ou aller sur notre lien signalé plus haut pour retrouver les articles)
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